Loosers

Ces deux personnages n’ont de cesse de faire la Une des médias depuis la campagne présidentielle américaine suivie de l’élection officielle de D. Trump. En bref, cela fait plus de 6 mois qu’ils nous expliquent leur recherche d’une nouvelle suprématie américaine. Dans les faits, même s’il est difficile d’oublier les relents racistes et religieux, associés à l’incompétence, on peut toutefois objectiver les résultats de cette trépidante succession de décrets.

La seule bataille remportée par D. Trump reste l’élection elle-même dans les Etats charnières et le vote populaire de façon indiscutable. Laissons cette phrase en « paragraphe », seule, comme l’unique victoire trumpiste. L’honnêteté doit conduire à la qualifier d’éclatante, ce qui est la simple vérité.

La suite est moins brillante, et c’est le moins qu’on puisse dire.

Ukraine : Après le choc de la fameuse réunion « télé-réalité » avec Volodimir Zelensky de début mars, on a pu découvrir un J.D. Vance en phase agressive, dans un scénario quasiment pro-russe. D. Trump avait un nouvel ami, V. Poutine, et les Etats-Unis, ce jour-là, ont perdu aux yeux du monde quelque chose comme une boussole. Ce qui est objectivement une défaite pour cette administration, c’est que la paix ne s’est pas obtenue en 24h ni en 100 jours mais dure toujours et continuera, avec ou sans allié américain.

Kremlin : quels que soient le ou les leviers de V. Poutine sur D.Trump pour le faire agir (on aurait pu dire « chanter »), ils sont suffisamment puissants pour que l’histoire même des Etats-Unis vis-à-vis de la Russie disparaisse au profit de mensonges divers et variés permettant au Kremlin de poursuivre sa route sanguinaire en ignorant les émissaires américains sous couvert de fausses négociations. Les Etats-Unis sont une valeur nulle pour V. Poutine, sauf levée des sanctions et reprise du commerce. Le vainqueur c’est lui, et les perdants sont connus.

Boeing : Les absurdes taxes douanières (145%) d’un autre âge ont conduit la Chine à bloquer les achats de composants et les livraisons d’avions Boeing. Les pertes sont abyssales pour la compagnie américaine déjà dans le rouge. S’attaquer à des petits pays avec des taxes est un jeu d’enfant, mais la Chine, et sans doute l’Europe, seront d’autres adversaires. A ce stade, mettre en danger de disparition une compagnie aérienne américaine de la taille de Boeing est une autre défaite économique, mais aussi intellectuelle et stratégique. Cet exemple récent, parmi d’autres, vient illustrer l’immense perte de confiance des investisseurs internationaux dans une Amérique instable et imprévisible. L’incompétence et une forme de bêtise dans le travail de gouvernant semblent être le nouveau couple à la mode à la Maison Blanche.

Marchés : nous avons tous vu le revirement spectaculaire des bourses internationales face aux taxes puis aux « 90 jours » de suspension de ces taxes mettant en exergue le pouvoir discrétionnaire d’une seule personne sur la valeur des actions sur les marchés. Un pouvoir contraint de reculer, même si certains milliardaires « happy few » ont dû se remplir des poches déjà pleines. Les marchés restent un guide impartial de santé. Là encore, il fallait une leçon de réalité à cette administration sans vision ni stratégie. Une défaite supplémentaire, prévisible celle-là.

Les Américains : les 53% d’opinions négatives dans un récent sondage sont le début d’une longue ascension, malheureusement, pour cet ensemble où aucun vainqueur ne se dégage car les perdants dans le sillage inflationniste du bateau sont les américains. En Europe, on continuera à aimer ce pays et ses habitants mais on voudrait tant les voir tous se lever et dire STOP. Ils n’ont pas l’abnégation des russes, l’espoir est donc possible.

Les Territoires : le Groenland, le Canada, Panama et le golfe du Mexique resteront ce qu’ils sont, sauf opération militaire improbable. Dans les lubies de type poutinien, celles-là sont particulièrement idiotes et mégalomaniaques. Il semble que ces sujets sombrent dans l’oubli, la mémoire des moineaux étant visiblement la plus sûre en ce moment à la Maison Blanche.

L’idiot utile : Elon Musk a perdu une occasion de rester un génie dans la mémoire collective. Il rejoint les loosers, mais à ce niveau de fortune et même si Tesla disparait, il restera dans la bande à Picsou.

Worldwide : Entre incompétences et stupidités trumpistes, on hésite à sourire tant le pouvoir de l’argent et de la peur économique régulent encore les relations des petits avec les gros. Il reste aujourd’hui à l’Europe à trouver une seule adresse politico-économique et de défense pour ses 450 millions d’habitants, à la Chine à accepter de nouveaux partenaires aux règles du jeu différentes, et aux démocrates américains à se réveiller. Dans ce Capharnaüm, l’Ukraine, Israël, la Palestine, la Syrie, l’Iran ne verront aucune opportunité de progrès mais juste des montées de conflits.

Quant aux « alliés » américains, on espère les revoir, quand les loosers partiront.


Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

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