■ Crédit : Agence Ze Place To See.
J’ai visité en avant-première l’exposition du Mobilier National aux Gobelins « Le Dernier Sacre », orchestrée par Stéphane Bern, commissaire général, les commissaires Hélène Cavalié et Renaud Serrette et sublimée par la scénographie de Jacques Garcia.
Je me suis retrouvé immergé dans les fastes et les coulisses familiales de cette cérémonie d’exception.
Regalia et objets rares, j’ai vu sous mes yeux un trésor patrimonial unique dans un état de conservation remarquable.
Cette reconstitution spectaculaire débute par la mort de Louis XVIII et déroule un parcours presque initiatique jusqu’à la salle du trône de Charles X.
Je n’en dirai pas plus et vous laisserai visiter cette exposition centrale pour comprendre le XIXème siècle.
Plus intéressant peut-être est-ce qu’elle nous renvoie.
Le premier enseignement est sûrement la tradition française de la conservation du patrimoine, qui permet aujourd’hui d’avoir accès à un univers vieux de 200 ans et qui nous est pourtant si proche, car ce sacre rappelle par de nombreux points de similitudes celui de Charles III, il y a quelques mois.
Cet univers singulier riche, c’est celui de l’artisanat d’excellence qui a fait, fait et fera la France.
Les artisans avaient un style, le style Charles X, le mobilier contemporain de l’époque qui n’a pas pris une ride.
Les artisans se démarquaient par la qualité des objets à une époque où les débuts de la mécanisation marquaient l’entrée dans une ère nouvelle, celle de la révolution industrielle, comme nous sommes aujourd’hui au début d’une ère nouvelle, celle de l’intelligence artificielle.
Le second enseignement est celui de la portée et l’influence des symboles sur la société française.
Dans cette exposition, tout est symbole, des larmes d’argent sur le dais qui surmonte le cénotaphe de Louis XVIII à la multiplicité des fleurs de lys, modernisées, élément central de la décoration du sacre.
Les Regalia sont là et surtout, émouvant, derrière une vitrine, le saint chrême.
Cette symbolique de l’époque, également manifestée par des objets souvenirs du sacre, nous renvoie à notre symbolique actuelle qui se concentre sur les objets que l’Elysée vend dans sa boutique officielle.
Le dernier enseignement est celui, peut-être plus important car il est une des caractéristiques méconnues de la politique de Charles X, de la maîtrise budgétaire.
Le couronnement de George IV en 1821 en Angleterre avait coûté environ 238 000 livres sterling, soit quelques 24,5 millions de nos euros de 2025.
Celui de Charles X, moins extravagant mais conçu pour impressionner et rivaliser avec les grandes cérémonies européennes, a coûté entre 500 000 et 1 million de francs de l’époque, soit un coût de l’ordre de 1,5 à 5 millions d’euros en valeur actuelle.
Les retombées économiques furent bien supérieures.
Si, il faut le reconnaître, le bilan de Charles X est perçu comme contrasté, les résultats économiques de sa politique budgétaire incarnée par Villèle furent au rendez-vous grâce à une lutte acharnée contre le gaspillage des fonds publics et le contrôle de leur utilisation.
Là s’arrête le parallèle avec notre époque marquée par les déficits abyssaux.
Reste une question moderne posée par la fin du règne de Charles X que ma vision familiale de cette histoire ne saurait esquiver, celle de la liberté de la presse.
A la différence de Charles X, j’y suis ferment attaché.
Mais sur la censure de l’expression, notre monde moderne est-il plus proche de ma pensée ou de celle de Charles X ? La question reste entière car l’histoire n’est finalement qu’un éternel recommencement.
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