■ D’ici 2050, 13,3 millions de Bangladais pourraient être déplacés en raison du dérèglement climatique.
Alors que l’actualité fourmille de questions autour des migrations et de leurs conséquences, le Bengladesh, l’un des pays les plus vulnérables de la planète, montre que dégradation du climat ne rime pas nécessairement avec émigration.
Et pourtant, le Bangladesh est l'un des pays les plus densément peuplés et les plus exposés aux effets négatifs du changement climatique, avec l’intrusion d'eau salée, des cyclones, des ondes de tempête, des sécheresses, des inondations et la fonte des glaciers de l'Himalaya qui empire sa situation.
Ceci est majoré par la diminution des ressources en eau douce, les glissements de terrain et l'érosion des berges et du littoral qui sont les principaux facteurs de migration et de déplacement.
La situation avait conduit la Suisse, par exemple, à mettre en œuvre le « programme de coopération suisse avec le Bangladesh 2022–25 ». Désormais, la Suisse réduit son aide.
En parallèle, l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a mené une étude sur les migrations climatiques dans ce pays et contrairement aux attentes, la conclusion de cette étude est claire : "La migration liée au climat est très localisée."
Tout ceci est en large part dû au gouvernement du Bangladesh qui soutient de nombreuses initiatives locales visant à intégrer rapidement les réfugiés climatiques, si possible à proximité de leur lieu de vie initial.
Si « plus de 10% des habitants ont quitté leur village (...) Presque personne n'est parti à l'étranger », précise Jan Freihardt, post-doctorant dans cette université suisse.
Ainsi, les réfugiés climatiques sont majoritairement des réfugiés internes et la plupart des migrations sont localisées.
En allant plus loin, il apparaît que plusieurs facteurs expliquent ce phénomène de migration interne.
Le premier déterminant est celui de la proximité géographique, puisque les personnes déplacées se rendent souvent dans un village voisin ou une ville proche, et ce, avec l’intention initiale que ce soit pour une courte durée.
Les initiatives gouvernementales prennent le relais en soutenant des projets locaux pour intégrer et sédentariser rapidement les réfugiés climatiques près de leur lieu d'origine.
Le principe de ces initiatives procède d’une volonté forte d’adaptation locale.
Le gouvernement estime que lorsque les populations sont aidées à s'adapter aux nouvelles conditions climatiques, elles sont plus enclines à rester dans leur environnement habituel.
Enfin, pour des raisons économiques évidentes, les personnes migrent souvent après une catastrophe parce qu'elles n'ont pas les moyens de reconstruire leur vie.
Si elles reçoivent de l'aide pour s'adapter, elles restent généralement dans leur région de migration proche.
Cette étude est intéressante par de nombreux aspects.
Elle montre que dans l'un des pays les plus frappés par le dérèglement climatique, une politique volontariste permet d'éviter le déracinement des populations, si leur gouvernement leur offre un avenir chez eux près des leurs.
Elle invite aussi à réfléchir sur les politiques d'aide internationale à l'endroit des pays pauvres et frappés durement par des phénomènes climatiques.
Rediriger ces politiques, en travaillant en coopération avec les gouvernements de ces pays, en soutenant des projets locaux pour intégrer rapidement économiquement les réfugiés climatiques près de chez eux et dans leur pays d’origine, permettrait sûrement d’éviter des drames à l’échelle individuelle et autoriserait enfin ces pays à regarder vers l’avenir sans voir fuir leur jeunesse qui, seule peut construire leur futur.
Enregistrer un commentaire