■ Siège de la Commission européenne, à Bruxelles.
Ce qui est terrible c’est que je pourrais reprendre ces phrases mot pour mot, mais nous sommes en 2025 et non plus en 2017… et l’Europe n’a pas fait grand-chose. Telle la cigale de la fable de La Fontaine nous voici fort démunis (La Cigale, ayant chanté/Tout l’été,/Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue) et la bise est très très forte.
Nous devons désormais, dans une urgence absolue, prendre les décisions qui feront de notre continent un acteur de l’Histoire ou bien faute de courage nous serons relégués dans la position de spectateurs vassalisés, espérant ne pas trop souffrir de décisions prises par d’autres. Pour cela il nous faut répondre à quelques questions simples mais décisives :
- Quels sont les pays qui sont prêts à faire un saut quantitatif et qualitatif en matière d’Europe puissance, et à ne pas cantonner le continent à une zone de libre-échange, où in fine chaque pays joue pour ses propres intérêts ?
- Souhaitons-nous construire une vraie défense européenne indépendante (budget commun, préférence à l’achat de matériel européen, commandement intégré), et quel rôle la capacité nucléaire française jouera-t-elle dans ce dispositif ? Cette défense européenne suppose par ailleurs que demain un soldat français puisse mourir sur un terrain d’opération en Pologne ou qu’un militaire allemand soit tué en Roumanie ; sommes-nous préparés à ce type de décision?
- Sommes-nous prêts à revoir nos alliances et à considérer les États-Unis – en tout cas ceux que dessine Donald Trump – comme un concurrent et non plus un allié ? Comment repenser notre relation à des pays comme la Chine ou l’Inde ?
- Comment construire notre indépendance dans certains domaines vitaux comme l’énergie, l’intelligence artificielle ou l’espace ? Que devons-nous mettre en commun ? Quelles priorités choisir immédiatement et comment les financer?
A ceux qui seraient tentés par le repli national dans un réflexe de protection je dis qu’il est illusoire pour un pays comme la France – puissance moyenne, sans richesses naturelles – d’espérer peser toute seule dans le monde qui vient.
A ceux qui seraient tentés de différer les débats et les choix je dis que nous avons déjà perdu des années et des années et qu’il est peut-être même déjà trop tard.
A ceux qui se disent que cela « ne nous regarde pas » je rétorque que cela nous regardera quand d’autres nous dicteront ce que nous devons acheter, faire et peut-être un jour penser.
A ceux qui espèrent que ça ne sera qu’un mauvais moment à passer, je dis que cela revient à ne pas comprendre les bouleversements majeurs d’un monde où la guerre pour les ressources (matières premières, eau, terres), y compris dans sa dimension la plus violente, va devenir terrible dans un contexte de chaos climatique.
Alors oui, l’heure de vérité a sonné.
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