Aux racines de la décivilisation

 Illustration de couverture, « Aigle, crocodile et faucon » de Jacques Favier.


« Aigle, crocodile et faucon », ces trois mots semblent incongrus juxtaposés et celui qui me les a fait découvrir, l’auteur du livre éponyme, est un historien presque professionnel du bitcoin et des cryptomonnaies, Jacques Favier.

Son livre est une uchronie, partant d’un Napoléon, tranquille à l’île d’Elbe qui retourne ses ennemis et se métamorphose en stratège politique.

Il écorne au passage les personnages historiques opposés à Napoléon, comme le comte d’Artois.

Cette histoire est amusante et s’intègre dans le monde contemporain comme la puce de Google qui aurait prouvé l’existence des multivers.

Jacques Favier a ce mérite de titiller l’esprit, cet esprit en escalier.

Au-delà de son uchronie, il attirait mon attention sur Harold Bernat.

Je ne connaissais pas son travail et restais interloqué avant de le découvrir, sans totalement y adhérer.

Opposer Joseph de Maistre à Kant, c’est-à-dire l’homme se reconnaissant comme Français, Italien ou de tout autre pays à l’homme se reconnaissant en tant qu’homme semble relever d’une confusion puisqu’un Français, décrit par Maistre peut, sans difficulté, se reconnaître lui-même en tant qu’homme.

C’est même de cette synthèse qu’a émergé la société contemporaine qui devrait tirer ce qu’il y a de meilleur des deux auteurs par un syncrétisme moderne où l’histoire et les valeurs patriotiques ne sont pas exclusives d’une société qui pense l’homme dans son universalité.

C’est là que ce syncrétisme fait écho à l’actualité.

Bernat reproche aux élites contemporaines d’être une bourgeoisie qui n’aurait « plus les moyens intellectuels, ni culturels, de sa domination de classe ».

La question, j’en suis convaincu, ne se pose pas ainsi, mais elle s’articule autour des débats qui nous entourent.

L’actualité, les réseaux sociaux sont emplis d’accusations de « populisme » et « complotisme ».

Il ne s’agit pas ici de porter une critique sur ces accusations et leurs contenus réels ou supposés.

Au contraire, l’approche qui réconcilie Kant et Maistre conduit à les aborder sous une forme plus interrogative, nécessaire pour approcher ces concepts qui agitent les démocraties modernes.

La rupture avec les élites que chacun constate conduit à s’interroger sur les raisons qui poussent une partie de la population vers des comportements ainsi qualifiés.

C’est là qu’intervient un véritable « effondrement anthropologique », celui de la déconnexion des élites et des peuples.

Il n’est pas en lien avec un effondrement culturel des élites, mais trouve plutôt ses racines dans l’effondrement plus général de l’éducation et l’effondrement du roman national et européen et de notre culture, en bref des ciments de notre société.

Alors pour lutter contre cette décivilisation, il existe une solution, réapprendre et nous réapproprier notre propre civilisation, nos valeurs intellectuelles, spirituelles et artistiques, nos connaissances scientifiques, nos réalisations techniques en somme tout ce qui caractérise chacune des étapes de progrès de notre société et que nous souhaitons transmettre à nos descendants.

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