■ Le Pape François était en Corse, pour sa troisième visite en France, ce dimanche 15 décembre.
« Marseille en grand » était un grand projet de 5 milliards d’euros pour la ville qui devait transformer Marseille en travaillant autour de 4 axes : les services publics, la sécurité, le logement et les transports en commun, lancé en 2021, en grande pompe.
Qu’est-il devenu. Rien. Ce néant se réduit à deux mots DZ Mafia.
En 2023, le pape visite Marseille, il explique qu’il ne visite pas la France.
Deux chefs d’État, celui du Vatican, et celui de la France, se rencontrent néanmoins et dialoguent.
A cette occasion, le pape, dans son homélie au Vélodrome, autour de l’évangile de la visitation et du tressaillement d’Elisabeth, ancrait son propos dans la tradition en disant « je pense aux nombreux “tressaillements” qu’a connus la France, à son histoire riche de sainteté, de culture, d’artistes et de penseurs qui ont passionné tant de générations ».
Il rappelait que Marseille était confrontée à un « grand défi contre les exacerbations de l’individualisme, contre les égoïsmes et les fermetures qui produisent solitudes et souffrances ».
Il proposait une solution : « Nous avons besoin de retrouver passion et enthousiasme, de redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité, d’oser encore le risque de l’amour dans les familles et envers les plus faibles, et de retrouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend belle la vie ».
Sur les problèmes de Marseille, où il voulait rendre plus belle la vie et plus généralement de la France, il s’exprimait.
Le 7 décembre 2024, un homme fait ce que nul souverain et nul dirigeant avait osé faire et au mépris des traditions, il parle dans Notre-Dame.
J’ai apprécié le fond du discours et détesté le lieu de son prononcé, me souvenant que la Loi du 9 décembre 1905 précise qu’il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte ou dans leurs dépendances qui en constituent un accessoire indissociable.
Puis j’ai pensé à Saint-Louis, en 1239 qui entrait, dépouillé des atours royaux et pieds nus, avec une procession dans Paris pour déposer la couronne d'épines dans la cathédrale de Notre-Dame.
C’est ensuite que j’ai écouté le message du pape, qui, à la différence d’autres chefs d’États, était absent pour l’occasion.
Il connaissait l’orateur précédent, il n’a rien dit, il n’a pas cité son nom.
Dans un message lu pour célébrer la réouverture de la cathédrale, il s’est adressé à l’archevêque de Paris.
Parlant de l’incendie, il rappelait : « Nos cœurs s’étaient serrés devant le risque de voir disparaître un chef d’œuvre de foi et d’architecture chrétiennes, un témoin séculaire de votre histoire nationale ».
Puis après avoir salué les pompiers, les artisans et les donateurs sans lesquels la restauration eût été impossible, le pape a compris leur fierté légitime à se réapproprier un héritage commun, voyant dans la reconstruction de l’édifice « un signe prophétique du renouveau de l’Église en France ».
Enfin, dans un message plus politique, dirigé contre la volonté de mercantilisme des marchands du temple, il a rappelé que la cathédrale devait rester ouverte à tous, demandant à l’archevêque d’être, à l’égard de quiconque souhaite y pénétrer, attaché « à les accueillir généreusement et gratuitement, comme des frères et sœurs ».
Cette fois, le pape ne dit rien, mais il dit tout, que ce soit sur le plan spirituel ou sur le plan diplomatique.
Par la suite, la visite du pape en Corse s’inscrit dans la même logique, le choix d’une destination méditerranéenne, le choix d’une visite centrée sur la ferveur populaire.
S’il faut en retenir une chose, rappelée par le pontife à Ajaccio, c’est le thème même de sa visite, « Jésus venait en faisant le bien » tiré des Actes des apôtres (AC, 10,38).
Une ultime fois, cette année, le pape n’aura rien dit, mais il aura tout dit.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau aura accueilli le souverain pontife.
Le chef de l’État ne sera arrivé en Corse qu’à 17 heures 15, comme l’a annoncé l’Élysée le matin du 15 décembre 2024, c’est-à-dire qu’il a décidé de ne pas accueillir, à son arrivée, le chef d’État du Vatican.
Alors qu’en déduire sur un plan diplomatique ?
Tout est visible à celui qui sait voir et la séquence diplomatique que nous traversons laisse transparaître une forme d’ambiguïté et en dit long sur les rapports entre temporel et spirituel dans notre société contemporaine pour lesquels le pape préconise « de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace ».
Passer du « vivre ensemble » au « être ensemble », tout un programme.
Mais surtout qu’en déduire dans notre monde empli d’instabilité ?
Héritiers de notre histoire millénaire, légitiment fiers de nos atouts, centrés sur le bien commun, il nous faut prendre de la hauteur, écouter nos “tressaillements” et nous transformer en bâtisseurs pour relever les défis d’aujourd’hui et construire le monde de demain.
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