Politique France : Déchéance de Rationalité

 Emmanuel Macron et Gabriel Attal (© Ludovic MARIN).


Les lecteurs pardonneront, espérons-le, ce jeu de mot faisant référence aux heures sombres de François Hollande face à l’Assemblée Nationale lors de son mandat présidentiel, à propos de la nationalité. Certains s’en souviennent certainement.

Le rationnel aurait pu retrouver la voie du bon sens après le choc (attendu) de la censure, mais il faudra plus que des mots. Ce sont désormais les actions immédiates qui seront jugées, et non les discours car nous sommes dans un temps politique court, sans plan B, où l’adversité réelle dépasse de loin les bancs du Parlement.

Nous voici donc aujourd’hui exposés à un concert de « visions d’après » allant du Président lui-même à toutes les tendances politiques de l’Assemblée, comme si la base même du problème avait changé. Mais non, la structure de l’Assemblée Nationale est identique et condamnée à le rester pendant une dizaine de mois encore.

Si tous les gars du monde … :
Les « après » en provenance à la fois des commentateurs, journalistes ou experts, mais également de quelques bancs de l’Assemblée reflètent un angélisme post apocalyptique appelant à des coalitions improbables pour remettre la France en état de marche malgré les extrêmes. Les intentions sont excellentes mais manquent de réalisme. Les calculs du type un peu de Gauche acceptable (socialistes, écologistes, communistes) qu’on additionne au bloc central pourraient fonctionner sur le plan humain : Boris Vallaud doit pouvoir discuter avec Gabriel Attal, à condition de lâcher Mélenchon. Mais malheureusement, la réalité électorale vient contrer cette belle idée : la Gauche sociale-démocrate a besoin de LFI pour conserver les mairies de villes significatives lors des municipales de 2026. Une sécession aujourd’hui sonnerait le glas potentiel de succès dans cette prochaine échéance. Ambitions électorales, encore et toujours. Casser la baraque demande un courage dont les socialistes n’ont pour l’instant pas donné de preuve éclatante.

Pas de ma faute… : Le discours, pour une fois bref, d’Emmanuel Macron, ce 5 décembre est venu ajouter une petite couche d’irrationnel à ce moment, comme si la distribution des culpabilités allait arranger quoi que ce soit. Les extrêmes Droite et Gauche sont là, n’ont pas changé, et ne seront jamais les partenaires d’une démocratie apaisée. On le sait depuis longtemps, alors à quoi bon faire l’offusqué. La dissolution n’a pas été comprise, d’après le Président. Oui, les gens sont vraiment idiots. Mais à voir le résultat, le fait est, qu’aujourd’hui, la preuve est faite qu’une grande intelligence n’empêche pas les grandes bêtises. Nous ne sommes pas à cela près : un ancien Président (F. Hollande) a bien voté la censure, ce qui est presque impensable. L’irrationnel encore. Bref, la considération pour l’ensemble de ceux qui n’ont pas compris aurait été une preuve d’humilité, on a le droit de rêver. Maintenant, les médias vont focaliser sur « le nom » de la prochaine victime expiatoire, en charge de surmonter la débâcle, ce qui détournera l’attention du réel : les agriculteurs, l’économie, le coût des fonctionnaires, les tensions sociales, la crédibilité européenne, etc.. Mais le réel n’a pas à revenir, il est là, sous nos yeux, et la presse internationale n’a pas manqué le coche pour nous épingler.

Les Français et les solutions : nous avons tous un avis, une opinion ou un argument à défendre pour expliquer ceci ou cela. Mais dans l’ensemble, la défiance des Français vis-à-vis des responsables politiques varie de 70% à plus de 80% en fonction des sondages. Les événements récents n’amélioreront pas ces chiffres. Il parait clair aujourd’hui que la structure inefficace de l’Assemblée Nationale appelle un changement de fonctionnement. La proportionnelle, par exemple, libèrerait les partis de leurs chaînes quelles qu’elles soient. Le PS retrouverait sa liberté, et aurait des choix propres à faire et non des calculs contraints. D’autres, les écologistes par exemple, seraient également dans une posture de réflexion plus transversale ou trans-partisane. Ce sujet est par nature transversal. D’autres initiatives pourraient voir le jour à l’Assemblée, avec plus de liberté d’expression ou au moins une pression moins forte des majeurs. Le « bloc central » ne serait plus une forme de souvenir macroniste mais aurait l’opportunité de se redéfinir, etc… Ce n’est pas une solution miracle, mais l’une des voies possibles pour la France.

Car ce qui compte, contrairement à ce que les médias nous servent à chaque minute, ce n’est pas qui.

Ce que les Français attendent,

c’est quoi.


Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

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