Je me suis retrouvé, il y a quelques jours, avec un aéropage d’élus locaux et de personnalités venues, un soir, à Mont-Saint-Aignan, dans la banlieue de Rouen, écouter Natacha Polony développer la vision qu’elle a l’habitude de convoyer dans ses éditoriaux du journal Marianne.
Sans surprise, mais avec intérêt, je l’ai entendue dresser un constat de l’état de la France, abordant, tour à tour les questions sociétales, religieuses et économiques.
Il est une leçon, plus pertinente et intéressante sur le fond qu’il n’y paraît, que j’ai retenue de l’exercice oratoire qu’elle prodigua, appuyée par son acolyte d’un soir, Perico Légasse, un conseil : « mangez français ».
J’ai, de prime abord, pensé à Henri IV, souverain soucieux de souveraineté alimentaire, qui avait popularisé la poule au pot qu’il souhaitait voir trôner tous les dimanches sur les tables françaises.
Tout n’est pas dit, mais presque.
Dans un monde où le citoyen ne dispose que de peu de leviers, il peut toujours en mobiliser un, celui du patriotisme économique.
Ce comportement ne procède que de son bon vouloir et personne ne peut réguler ses choix, si tant est, et c’est là que le bât blesse peut-être, qu’une telle consommation soit et demeure possible à l’avenir.
Pour les produits de consommation courante, la désindustrialisation rend les choses compliquées.
Pour l’agriculture, tout n’est pas encore perdu.
La crise agricole gronde, avec en toile de fond les accords avec le Mercosur, assimilés par le monde agricole à un agricide.
Le monde agricole souffre, en réalité, de son manque de compétitivité.
Contraint par de nécessaires et souvent utiles normes écologiques et environnementales, les agriculteurs Français ont développé une agriculture de qualité qui ne trouve pas de débouchés, tant elle est confrontée à des concurrences déloyales, avec les pays extra-européens, d’une part, et entre les pays d’Europe, d’autre part.
Et pourtant le monde agricole français sous perfusion ne s’en sort pas.
C’est là que revient une nouvelle exigence, une galéjade ou presque un gros mot, l’exigence de souveraineté.
Il ne faut pas galvauder le terme de souveraineté. Il a un sens en droit positif.
La souveraineté, pour laquelle le Conseil constitutionnel expliquait en 1976 qu’elle « ne peut être que nationale » est un principe cardinal de la Constitution du 4 octobre 1958.
Le 12 septembre 2024, dans son étude annuelle, dans un chapitre au titre manifestement performatif, « La France est un État souverain », le Conseil d’État la définissait ainsi « La souveraineté, c’est fondamentalement la liberté pour un peuple de choisir son destin ».
La définition, tout aussi séduisante qu’elle soit, porte, en elle, ses limites qu’illustre la crise agricole actuelle.
Pourtant le gouvernement Barnier a fait entrer cette notion de souveraineté dans le titre du ministre qui se consacre au monde agricole sous le titre de « Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt ».
Effet de mode ou prise de conscience, l’exigence de souveraineté alimentaire est partagée par tous dans un monde aux prises avec les guerres et avec une économie en berne étouffée par les prélèvements obligatoires et une dette abyssale.
Une chose est certaine, des réformes structurelles sont nécessaires et pour le bien commun et notre avenir, il faut sauver l’agriculture française.
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