Gouvernement : hyper-oppositions et hyper-urgences

 Manuel Bompard (coordinateur LFI), Gabriel Attal (Président du Groupe Ensemble pour la République), Jordan Bardella (Vice-Président du RN). (©Wikicommons).

Par François Petitjean - Consultant et analyste de la communication politique, auteur de Adworld sur la publicité, Toxic sur les médias et Sine capita sur le numérique et l’IA aux éditions du Panthéon.

Les premiers pas du gouvernement Barnier, semblables à un 110m haies, offrent un spectacle de détermination dans un environnement parlementaire hostile. A l’inverse, 51% des Français accordent leur confiance à M. Barnier (Public Sénat), ce qui devrait être entendu par les bancs de l’Assemblée.

Quelles que soient nos opinions ou références politiques, on ne peut qu’observer avec circonspection la multitude des oppositions. Nous avions bien tous compris que le R.N. et le N.F.P. allaient se dresser sur la route de cette équipe, comme adversaires historiques et naturels, mais nous avons vu fleurir les critiques nombreuses et parfois intransigeantes à l’intérieur même de cette construction de Droite/Centre-droit.

Fautes Médias : A cela se sont ajoutées les fautes médiatiques de départ d’Antoine Armand (Économie et Finance) et les effrayantes références à peine voilées de Bruno Retailleau (Intérieur), comme si les choses n’étaient déjà pas assez compliquées. Nul doute que l’aimant des médias occasionnera bon nombre de gaffes à l’avenir car peu de membres de cette équipe gouvernementale sont à même de travailler avec les journalistes, par manque d’expérience. Ce n’est pas si grave, mais cela augmente les occasions pour les oppositions classiques de tirer sur l’ambulance. Inutile donc.

Ambition rime avec Opposition : Il est vrai que, pour un responsable politique d’envergure, l’exclusion d’un gouvernement pour retrouver les bancs de l’Assemblée Nationale ne laisse à l’ambition que le choix de l’opposition interne. G. Darmanin est la figure type de ce cas, comme avait pu l’être à une époque Edouard Philippe. Créer un mouvement (« Populaires » pour G. Darmanin) ou un parti (Horizons pour E. Philippe), permet d’exprimer une volonté politique identifiable, et donc susceptible de se frotter au suffrage universel. Au fond, c’est un peu comme une création de marque dans l’univers commercial, mais avec la communication qui s’exprime avant même que le produit n’existe. Il n’y a bien que le domaine politique qui soit capable d’offrir ce genre d’incongruité, il faut l’avouer, et cela ne va pas en améliorer l’image. Pour M. Barnier, qui n’a déjà pas qu’un seul caillou dans sa chaussure, les critiques pré-budget 2025 de G. Darmanin et G. Attal viennent s’ajouter à celles des deux pôles extrêmes de Gauche et de Droite de l’Assemblée. Comme par hasard, il s’agit des personnalités aux ambitions présidentielles, avouées ou non, qui jouent avec le feu. En bout de chaine, il y a les Français qui mériteraient autre chose. Nul doute que le meilleur ami du premier Ministre lors des prochaines sessions sera le 49-3. L’urgence d’abord.

Les Occasions de la Gauche : On nous parle, depuis la dissolution, d’une frange sociale-démocrate au sein de la Gauche. Elle existe bien, mais uniquement au travers de personnalités. On peut citer B. Cazeneuve, C. Delga (Occitanie), ou F. Hollande et quelques autres. Dans ce cas, qu’ils créent quelque chose, un P.S.D. (Parti Social-Démocrate) en remplacement du PS historique avec la capacité de travailler avec F. Bayrou, ou certains ministres comme Jean-Noël Barrot (Affaires Étrangères, issu du Modem) et consolider ainsi un Centre-Gauche ouvert et intelligent. Ce serait un événement politique d’envergure, un long chemin vers une structure, certes, mais un acte de responsabilité citoyenne. Se débarrasser de LFI, grand pollueur sonore de l’Assemblée et sans aucune volonté ou capacité à gouverner, en serait le premier pas. Les sociaux-démocrates ont besoin de mettre un tigre dans leur moteur (les plus anciens se souviendront peut-être de cette publicité pour Esso) Ils doivent sortir de l’ornière NFP, ou se taire. La proposition ci-dessus, d’un P.S.D., est gratuite.

L’urgence appelle à la responsabilité : M. Barnier n’est ni un sauveur ni un héros mais un professionnel aguerri ayant accepté une mission quasi impossible. Au-delà du respect, les députés et partis, d’opposition ou de coalition, mais aussi les ministres en « visibilité » doivent être clairs sur ce qu’ils doivent aux F
rançais : casser la logique budgétaire de déficit, conserver la performance nationale, rester un atout pour l’Europe, protéger les plus faibles, encourager l’initiative et l’innovation, éduquer les générations futures, réguler l’immigration pour un bénéfice et non un casse-tête, assurer la sécurité intérieure/extérieure et aider nos alliés dans les conflits en cours, entre autres.

L’histoire récente a démontré que les urgences identifiées ont souvent été broyées par celles que nous n’attendions pas.(Gilets jaunes, Covid, Ukraine, inflation, terrorisme, Proche-Orient etc..). Tout a un impact.

Il est donc temps de cesser les hyper-oppositions. Les Français ont dépassé ce stade.

Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

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