Gouvernement Barnier : Motions et Emotions

 Hôtel de Matignon, résidence du Premier Ministre. (Service photographique de Matignon)

Par François Petitjean - Consultant et analyste de la communication politique, auteur de Adworld sur la publicité, Toxic sur les médias et Sine capita sur le numérique et l’IA aux éditions du Panthéon.

Le premier jour de l’automne 2024 vient de sonner le glas de l’été, mais aussi celui de l’attente interminable d’une gouvernance pour notre pays.

M. Barnier a donc passé la première étape de constitution d’un gouvernement.

Pour mémoire en voici la liste principale :

  • Didier Migaud, garde des Sceaux, ministre de la Justice ; 
  • Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation ; 
  • Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur ;
  • Anne Genetet, ministre de l’Education nationale ; 
  • Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
  • Rachida Dati, ministre de la Culture et du Patrimoine ;
  • Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants ;
  • Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques ;
  • Antoine Armand, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie ; 
  • Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins ; 
  • Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes ; 
  • Valérie Létard, ministre du Logement et de la Rénovation urbaine ; 
  • Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt ; 
  • Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi ; 
  • Gil Avérous, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative ; 
  • Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche ; 
  • Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique ; 
  • François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre, chargé des Outre-mer ; 
  • Laurent Saint-Martin, ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget et des Comptes publics.

Il est clair, qu’en dehors de Didier Migaud, ancien socialiste et dirigeant de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, ce gouvernement est une construction droitière, un peu par défaut et un peu par volonté. Nous avons tous été témoins des refus du NFP, de rejoindre un gouvernement d’alliance, et de la posture de menace sur le pouvoir par le RN. Les oppositions jouent leur rôle à fond et M. Barnier, entre Charybde et Scylla, a finalement dû construire avec les briques restantes. Quand on a passé des mois à diriger les négociations UE – Royaume-Uni pour éviter des catastrophes « brexit », on a le cuir bien épais.

Dans cette crise inédite de l’été, faite de rejets plus que de projets au sommet de l’Etat, les français ont connu pour la première fois depuis longtemps une sorte de période de calme post estivale. Le sentiment un peu étrange d’un sommet agité et de citoyens plus ou moins indifférents, entre résignation et perte de confiance accrue dans « le politique » (Etude Public Sénat : 73% des français ne font pas confiance à l’Assemblée Nationale). Les rentrées scolaires et sociales n’ont pas donné lieu à une agitation populaire forte, et le mois de septembre jusqu’à aujourd’hui reste sans blocages ni drames de rue. Et ça aussi, c’est inédit.

Nous connaissons par avance les commentaires à venir des journalistes sur la fragilité potentielle de cette liste, sur sa durée de vie dépendante de motions de censure communes des oppositions. Un systématisme de censure à gauche et extrême gauche, et une ombre de Damoclès à l’extrême droite constitueront la toile de fond permanente du travail de ce gouvernement. Alors M. Barnier a beau avoir un talent avéré de recruteur et négociateur, ce schéma ne peut conduire qu’à une gestion technique à moindre risque et non à des projets de société, ou même à de simple nouvelles lois de progrès.

Construire un budget cornaqué par la dette, s’assurer que le pays fonctionne, éviter les projets de loi clivants, et croiser les doigts pour que l’indifférence des français l’emporte sur la colère sont les piliers de cette nouvelle donne politique.

Éviter les émotions pour lutter contre les motions.

Cela peut marcher, un certain temps.

Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

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