Rouen : quand le casque de vélo devient un accessoire indispensable...

 La Mère de Whistler, huile sur toile, 1871.
Rouen est une ville formidable, j’y habite.

Il y a quelques années, juste avant les élections municipales, je me promenais à Rouen place de la Rougemare.


Cette place, charmante et méconnue comporte une chapelle remarquable qui porte sur son fronton les lys de France et mérite le détour par son architecture.

J’y croisais et saluais un édile municipal portant fièrement et visiblement son casque de vélo à la main.

Quelques minutes plus tard, cet édile municipal qui n’avait visiblement pas de vélo montait dans sa voiture, après avoir jeté négligemment son casque dans son coffre.

J’avais trouvé cette attitude mystérieuse et inexplicable.

L’épilogue de cette anecdote estivale amusante est intervenu aujourd’hui.

J’ai compris l’intérêt à Rouen de se promener avec un casque de vélo sans vélo, en allant visiter l’exposition Whistler dans le cadre du festival Normandie Impressionniste.

Étant au guichet, spontanément, j’ai demandé si je pouvais bénéficier d’un tarif réduit de la même manière.

Je me le suis vu refuser, car je n’entrais pas dans les cadres prévus pour l’obtenir.

J’avais un tort, j’étais venu à pied.

Regardant de plus près les conditions d’obtention du tarif réduit, le comportement énigmatique que j’avais pu observer quelques années auparavant est devenu enfin compréhensible.



Je m’étais spontanément refusé à penser que l’attitude de l’édile municipal que j’avais croisé aurait pu être une politique d’affichage en faveur du vélo.

J’avais raison, ce n’était pas cela.

Le port du casque de vélo à la main, sans nécessairement utiliser un vélo pour se mouvoir avait un objectif différent : obtenir des tarifs réduits pour entrer dans les expositions payantes des musées municipaux.

L’affiche des tarifs réduits était claire avec un casque de vélo, à la main, vous paierez demi-tarif.

L’édile municipal le savait et le mettait vraisemblablement en pratique.

Pour ma part, sur place, je n’ai pas compris spontanément pourquoi, venant à pied, je subissais une discrimination tarifaire.

En lisant les délibérations de la Métropole de Rouen, j’ai ainsi appris que venir à pied n’était pas se déplacer dans un cadre de mobilité douce et que depuis chez moi, j’aurai dû privilégier le vélo ou le métro.

Avec ce dernier, j’aurais accentué ma sédentarité, mais j’aurais eu mon tarif réduit.

Si l’on examine les choses sous un angle social, un Français de classe moyenne qui vient à pied paye finalement son exposition plus cher qu’un milliardaire avec un casque de vélo à la main qui bénéficie d’un tarif réduit au même titre qu’une famille nombreuses.

Malgré ces pérégrinations, tout comme mon milliardaire, je n’ai pas boudé mon plaisir de revoir « la mère de Whistler », un de mes tableaux préférés, habituellement au quai d’Orsay et aujourd’hui à Rouen.

Alors cet été, si souhaitez voir un œuvre d’art exceptionnelle, venez à Rouen, adoptez la milliardaire attitude, venez voir la mère de Whistler au Musée des Beaux-Arts et si vous n’avez pas de famille nombreuse, n’oubliez pas votre casque de vélo, pour le tarif réduit, c’est indispensable.

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