■ Le Vieux-Port de Marseille, photo de Jean-Philippe Carpentier.
Par Maître Jean-Philippe Carpentier - Avocat au barreau de Paris, consul honoraire du Luxembourg avec juridiction sur la Normandie et Président du Corps consulaire de Normandie.
J’ai traversé plusieurs France en quelques jours et ces visites furent riches en enseignement.
Ce périple a commencé au bord de la Manche, où je passais une semaine de villégiature, marquée par une forme de nonchalance vacancière.
La France des vacances était celle du repos et de l’extraction du quotidien.
Un passage dans la commune rurale de Dozulé m’a ouvert la conscience sur la distance qui sépare les métropoles trépidantes de la France rurale.
Par la suite, au cours de ces vacances, je me suis trouvé confronté à une forme de réalité, celle de mon véhicule électrique et de l’écologie incitative.
Je me suis garé, avec fluidité, au Havre, me replongeant pour quelques heures muséales dans une vie de métropole et, agréable surprise, le parcmètre m’était offert pour me récompenser des vertus écologiques de ma voiture.
Cette bienveillante initiative a tranché avec le bruit de mon GPS à l’approche de Rouen qui m’a rappelé le quotidien de ma vie au cœur de l’écologie punitive, mon GPS tonitruant les risques encourus par les voitures traversant la zone à faible émission.
Je me suis garé, avec difficulté, j’ai payé mon parcmètre, songeur.
Mais c’est surtout le retour à Paris qui fut marquant, puisque, contrairement à ce que j’attendais, j’ai trouvé une ville encore calme où les touristes étaient de retour, comme si la parenthèse olympique ne s’était pas refermée.
Peu de temps a suffi pour comprendre qu’elle l’était, car les actualités n’ont cessé, ces derniers jours, de le marteler.
Mon activité professionnelle m’a ensuite conduit à Marseille, une autre France, multiculturelle, pleine de vie, où le beau côtoie le pire – j’ai visité un immeuble menacé d’effondrement – et où l’insécurité est une problématique essentielle, puisque de la fenêtre de mon hôtel, en plein centre-ville, j’avais une vue plongeante sur un point de deal, ce que m’a surpris puisque je croyais naïvement que place avait été faite nette.
Ce sont pourtant ces France que j’aime et qu’il faut réconcilier.
Si, comme le disait Louis XIV, il faut gouverner « par la rigueur, par la vigilance et par le travail. », il faut aussi viser le bien commun.
A cet égard, j’avais proposé une vision du consensus, qui pour être mise en œuvre supposait de connaître les réalités au profit desquelles le consensus pouvait, voire devait, être recherché.
Cette démarche est désormais encore plus d’actualité.
Si les France, que je décrivais sur un ton badin, coexistent, il faut leur donner les moyens de s’épanouir et ce n’est pas dans la division, la critique et le mépris que l’on y parviendra.
C’est au contraire par l’écoute attentive, la prise en compte réelle de tous les points de vue, le dialogue et une attitude constructive à l’égard des propositions pertinentes de tous bords.
Les jeux olympiques, à l’exclusion des clivantes cérémonies d’ouverture et de fermeture, nous ont donné une leçon de France.
Ils nous ont permis d’écrire une page de notre histoire collective et de retrouver, au moins pour un temps, avec le soutien de nos athlètes, la fierté nationale.
J’ai, notamment, vibré sur les victoires sans précédent de Léon Marchand et le voir recueillir le feu olympique sous les chants de Zaho de Sagazan a démontré que rien n’était perdu et que nous étions encore capables de développer un récit national enthousiasmant.
Pendant quelques instants, l’athlète a incarné la France et cette question de l’incarnation est essentielle, elle est peut-être la clé du futur.
Certes, la parenthèse des jeux s’arrête et la réalité point, avec son lot de difficultés.
Cependant, je reste cette semaine optimiste. La France est multiple, et elle est belle. Nous avons tous des raisons d’en être fiers.
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