Sous la régence d’Anne d’Autriche, conseillée par Mazarin, l’esprit français irrigue, en 1648, les traités de Westphalie qui clôturent quatre années de négociations diplomatiques.
Ils consacrent une réorganisation européenne globale, mais également l’hégémonie de la France qui s’impose alors comme la grande puissance mondiale.
Ces traités, précurseurs d’une forme de laïcité, modifient fondamentalement la place de la religion dans les États et marque un tournant de l’autorité du Pape qui prendra par la suite un rôle hautement symbolique.
1648 s’impose comme un tournant majeur dans l’histoire de l’Europe et de sa diplomatie avec des Etats qui agissent pour leur propre compte sur un plan mondial plaçant les guerres de religion au second plan.
Les traités de Westphalie marquent surtout l’apogée de la France, de sa culture et de sa langue, puisqu’ils étaient rédigés en français seule langue internationale de l’époque.
La France nouait avec une sorte de soft Power dont la perte progressive est aujourd’hui manifeste avec ce que les Américains appellent, en anglais, le French bashing qui culmine parfois vers une quasi-haine.
Que s’est-il passé ? Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Reprenons l’histoire des relations entre la France et les États-Unis.
La France de Louis XVI fut leur premier allié et le marquis de Lafayette, un « héros des deux mondes », est célébré tant en France qu’outre-Atlantique.
Il avait compris l’émergence américaine lorsqu’il écrivait le 7 juin 1777 à sa femme « le bonheur de l’Amérique est intimement lié au bonheur de toute l’humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu de l’honnêteté, de la tolérance, de l’égalité et d’une tranquille liberté ».
Peut-être allait-il un peu loin dans son enthousiasme, mais son souvenir est profondément ancré dans la culture américaine et le XIXème siècle l’a entretenu vivace.
Si l’isolationnisme des États-Unis notamment pendant la crise de 1929 a éloigné le pays de la France, un véritable sentiment francophobe est apparu avec l’armistice de 1940 et le mépris des Américains qui reprochaient à la France cet armistice conclue seule, au mépris de ses engagements envers les alliés, avec l’Allemagne nationale-socialiste.
Si la France libre de 1944 reprend une place dans les négociations et la diplomatie, le French bashing est implanté et continue.
Quelques exemples sautent aux yeux avec des propos comme ceux du général Schwarzkopf stratège de l’opération « tempête du désert » qui disait aller « à la guerre sans les Français, c’est un peu comme aller à la chasse aux cerfs sans son accordéon ».
Le refus des Français de soutenir les États-Unis contre le régime de Saddam Hussein est perçu comme un nouvel acte de trahison même si la France n’est pas le seul pays à prendre cette position.
La France prend alors une place de bouc-émissaire. Les French fries devienne des Freedom fries en 2003.
Ce French bashing s’est propagé à l’Afrique qui a rejeté au fur et à mesure, massivement, les Français remettant toujours sur la table le passé colonial, alors que la France ne fut pas le seul pays colonisateur de l’Afrique qui connut la présence de la Belgique, de l’Espagne, du Portugal et de la Grande-Bretagne.
Cette dénonciation est à deux vitesses.
La Russie qui a pourtant colonisé de vastes territoires contigus aux siens n’est jamais présentée comme une puissance coloniale.
Pire encore, la France est systématiquement montrée du doigt et le French bashing a progressivement pénétré la culture populaire.
Le très populaire jeu vidéo sur la Première Guerre mondiale Battlefield 1 n’intègre même pas la France parmi les protagonistes du conflit.
Pire encore dans le film Black Panther : Wakanda forever, les soldats de l’opération Barkhane sont présentés comme de méchants mercenaires français, ce qui a valu au réalisateur du film les foudres du ministre des Armées Sébastien Lecornu qui a condamné fermement cette présentation mensongère de l’armée Française, des remontrances dont la vigueur fut inversement proportionnelle à l’effet.
Mais surtout il suffit de nous regarder nous sommes les premiers artisans du French bashing.
Nous sommes même capables de remettre en question notre propre place dans les institutions internationales. Nous nous autocritiquons en permanence sur les réseaux sociaux.
Nous devons inverser la tendance.
Nous ne luttons pas suffisamment pour notre langue pourtant l’une des plus parlées dans le monde.
La fierté de notre histoire et de notre civilisation ne cesse de s’éroder et c’est notre honneur de la porter et de la faire connaître.
Nous avons une culture extraordinaire, une langue riche, un passé que beaucoup nous envient, alors en 2024 retrouvons tous l’esprit de 1648.
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