■ Emmanuel Jaffelin.
« Un livre qui [nous] rendra ivre de le lire » ; ainsi Emmanuel Jaffelin présente-t-il le dernier ouvrage de Marc Alpozzo, Galaxie Houellebecq (et autres étoiles), dont il nous offre ici une « brève présentation ».
Par Emmanuel Jaffelin - philosophe et écrivain français. Il est également professeur agrégé de philosophie et a mené une carrière de diplomate en Afrique et en Amérique latine. Il a publié de nombreux ouvrages dont Éloge de la gentillesse, (2010), On ira tous au paradis : Croire en Dieu rend-il crétin ?, (2013), Apologie de la punition, (2014), Célébrations du Bonheur, (2021).
À ceux qui lisent peu, cette métaphore passera à la trappe. Pourtant, un écrivain par-ci, un écrivain par-là éclaire celle ou celui qui le lit. Dès lors, l’écrivain(e) peut être comparé(e) à une étoile et une bibliothèque à une galaxie. D’où le titre de cet excellent livre du philosophe Marc Alpozzo, Galaxie Houellebecq (et autres étoiles) qui fait de ce Michel un soleil dans une galaxie pleine d’étoiles ! Ce livre est ainsi le recueil d’articles qui vont de Michel Houellebecq à Christiane Rancé, en passant par Kundera, Sartre, Debray, Barrès, Finkielkraut, Jaccard, Gide, Kierkegaard et Montaigne, pour n’en citer que dix parmi la cinquantaine d’auteurs abordés ! Livre à lire parce qu’il donne envie de lire, non seulement le chapitre qui suit celui que la lect-rice (ou le lecteur) vient de lire, mais aussi l’auteur qui en était le centre. Et, comme l’écrit Stéphane Barsacq – le préfacier de ce livre – « seuls les écrivains ressaisissent l’esprit de leur temps », tu comprendras mieux, lectr-ice/eur, l’époque dans laquelle tu vis à l’issue de cette lecture. Marc Alpozzo explique ainsi, dans l’introduction, le fondement de ce livre : « faire face à un danger imminent et menaçant, empêchant peu à peu la libre diffusion des idées, le libre exercice de l’écriture ». Dès lors tu comprends lect-rice/eur que tu lis plus pour comprendre la réalité que pour la fuir dans un moment de loisir ! Et il ajoute et précise : « Aimer la littérature, c’est aimer qu’elle soit le contraire de la bienséance et du conformisme ambiants. »
Ce livre consacre huit articles sur cinquante-deux à Michel Houellebecq expliquant qu’« il dénonce l’échec d’une civilisation ». Marc Alpozzo poursuit : « Houellebecq est la conscience de son temps. Il est la conscience de tout une génération dont il est devenu le Porte-parole. Il est notre miroir. Un miroir qui nous renvoie une image si abominable, qu’elle nous interpelle autant qu’elle nous effraie. ». Et dire qu’il y a des gens qui n’ont pas lu Houellebecq, qui, donc, ne se voient pas comme ils sont ! Ainsi, selon Marc, Michel nous enseigne « […] à ne plus rien espérer, non pour désespérer, mais pour se libérer ». Et Marc ose, avec prudence, mais audace, d’écrire à propos de Michel Houellebecq : « Il est peut-être même l’un de nos derniers poètes ».
Plus loin, il met en évidence l’état d’âme du héros du premier roman de Michel, à savoir Extension du domaine de la lutte : « Dans le silence de sa solitude, il se demande ce qu’il sera dans dix ou vingt ans. Il imagine cette éventualité alors qu’il pourrait recourir tout aussi facilement au suicide ; « je ne serais plus alors, (pense-t-il) qu’une juxtaposition d’organes en décomposition lente, et ma vie deviendrait une torture incessante, morne et sans joie, mesquine. »
Quant à Philippe Muray, loin également d’un mièvre optimisme, Marc Alpozzo écrit à propos de son Empire du Bien : « Or, dans quoi rentrons-nous aujourd’hui, si ce n’est « dans l’âge du sucre sans sucre, des guerres sans guerre, du thé sans thé. ». Avec Kundera, ce serait plutôt l’oubli qui caractériserait notre époque : « L’Histoire avec son grand H. et sa grande hache devient l’histoire d’un silence. »
Concernant l’histoire Régis Debray y reconnaît plus le rôle des barbares que de la hache : « Une civilisation a toujours besoin de barbares, et quand elle en manque, elle en fabrique ». Et avec cette barbarie, Régis ajoute un phénomène d’inculturation ! Yeah ! … dont tu sortiras un chouia en lisant ce livre, lectr-ice/eur !
Évidemment, dans un tel contexte, il ne te ferait aucun mal de lire de Alphonse Boudard sa célèbre [la] Métamorphose des Cloportes publiée en 1962… mais encore valable et valide, donc lisible aujourd’hui !
Quant au philosophe Vladimir Jankélévitch, Marc Alpozzo en dit ceci : « […] pour moi, Vladimir Jankélévitch est le premier des moralistes. Loin devant Emmanuel Kant ».
Et voilà, lectr-ice/eur, une brève présentation d’un livre qui te rendra ivre de le lire en t’invitant à boire les paroles de ces auteurs abordés, sans glaçon !
À LIRE - Marc Alpozzo, Galaxie Houellebecq (et autres étoiles), Éloge de l’exercice littéraire, éditions Ovadia, 2024, 22 euros.
« Un livre qui [nous] rendra ivre de le lire » ; ainsi Emmanuel Jaffelin présente-t-il le dernier ouvrage de Marc Alpozzo, Galaxie Houellebecq (et autres étoiles), dont il nous offre ici une « brève présentation ».
Par Emmanuel Jaffelin - philosophe et écrivain français. Il est également professeur agrégé de philosophie et a mené une carrière de diplomate en Afrique et en Amérique latine. Il a publié de nombreux ouvrages dont Éloge de la gentillesse, (2010), On ira tous au paradis : Croire en Dieu rend-il crétin ?, (2013), Apologie de la punition, (2014), Célébrations du Bonheur, (2021).
À ceux qui lisent peu, cette métaphore passera à la trappe. Pourtant, un écrivain par-ci, un écrivain par-là éclaire celle ou celui qui le lit. Dès lors, l’écrivain(e) peut être comparé(e) à une étoile et une bibliothèque à une galaxie. D’où le titre de cet excellent livre du philosophe Marc Alpozzo, Galaxie Houellebecq (et autres étoiles) qui fait de ce Michel un soleil dans une galaxie pleine d’étoiles ! Ce livre est ainsi le recueil d’articles qui vont de Michel Houellebecq à Christiane Rancé, en passant par Kundera, Sartre, Debray, Barrès, Finkielkraut, Jaccard, Gide, Kierkegaard et Montaigne, pour n’en citer que dix parmi la cinquantaine d’auteurs abordés ! Livre à lire parce qu’il donne envie de lire, non seulement le chapitre qui suit celui que la lect-rice (ou le lecteur) vient de lire, mais aussi l’auteur qui en était le centre. Et, comme l’écrit Stéphane Barsacq – le préfacier de ce livre – « seuls les écrivains ressaisissent l’esprit de leur temps », tu comprendras mieux, lectr-ice/eur, l’époque dans laquelle tu vis à l’issue de cette lecture. Marc Alpozzo explique ainsi, dans l’introduction, le fondement de ce livre : « faire face à un danger imminent et menaçant, empêchant peu à peu la libre diffusion des idées, le libre exercice de l’écriture ». Dès lors tu comprends lect-rice/eur que tu lis plus pour comprendre la réalité que pour la fuir dans un moment de loisir ! Et il ajoute et précise : « Aimer la littérature, c’est aimer qu’elle soit le contraire de la bienséance et du conformisme ambiants. »
Ce livre consacre huit articles sur cinquante-deux à Michel Houellebecq expliquant qu’« il dénonce l’échec d’une civilisation ». Marc Alpozzo poursuit : « Houellebecq est la conscience de son temps. Il est la conscience de tout une génération dont il est devenu le Porte-parole. Il est notre miroir. Un miroir qui nous renvoie une image si abominable, qu’elle nous interpelle autant qu’elle nous effraie. ». Et dire qu’il y a des gens qui n’ont pas lu Houellebecq, qui, donc, ne se voient pas comme ils sont ! Ainsi, selon Marc, Michel nous enseigne « […] à ne plus rien espérer, non pour désespérer, mais pour se libérer ». Et Marc ose, avec prudence, mais audace, d’écrire à propos de Michel Houellebecq : « Il est peut-être même l’un de nos derniers poètes ».
Plus loin, il met en évidence l’état d’âme du héros du premier roman de Michel, à savoir Extension du domaine de la lutte : « Dans le silence de sa solitude, il se demande ce qu’il sera dans dix ou vingt ans. Il imagine cette éventualité alors qu’il pourrait recourir tout aussi facilement au suicide ; « je ne serais plus alors, (pense-t-il) qu’une juxtaposition d’organes en décomposition lente, et ma vie deviendrait une torture incessante, morne et sans joie, mesquine. »
Quant à Philippe Muray, loin également d’un mièvre optimisme, Marc Alpozzo écrit à propos de son Empire du Bien : « Or, dans quoi rentrons-nous aujourd’hui, si ce n’est « dans l’âge du sucre sans sucre, des guerres sans guerre, du thé sans thé. ». Avec Kundera, ce serait plutôt l’oubli qui caractériserait notre époque : « L’Histoire avec son grand H. et sa grande hache devient l’histoire d’un silence. »
Concernant l’histoire Régis Debray y reconnaît plus le rôle des barbares que de la hache : « Une civilisation a toujours besoin de barbares, et quand elle en manque, elle en fabrique ». Et avec cette barbarie, Régis ajoute un phénomène d’inculturation ! Yeah ! … dont tu sortiras un chouia en lisant ce livre, lectr-ice/eur !
Évidemment, dans un tel contexte, il ne te ferait aucun mal de lire de Alphonse Boudard sa célèbre [la] Métamorphose des Cloportes publiée en 1962… mais encore valable et valide, donc lisible aujourd’hui !
Quant au philosophe Vladimir Jankélévitch, Marc Alpozzo en dit ceci : « […] pour moi, Vladimir Jankélévitch est le premier des moralistes. Loin devant Emmanuel Kant ».
Et voilà, lectr-ice/eur, une brève présentation d’un livre qui te rendra ivre de le lire en t’invitant à boire les paroles de ces auteurs abordés, sans glaçon !
À LIRE - Marc Alpozzo, Galaxie Houellebecq (et autres étoiles), Éloge de l’exercice littéraire, éditions Ovadia, 2024, 22 euros.
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