Le nazisme a trouvé dans l’islamisme son « copié-collé »

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Par Michel Dray - Historien

Si le nazisme, le fascisme, le stalinisme sont des dictatures distinctes les unes des autres, il n’en reste pas moins qu’elles sont d’abord et avant tout des régimes totalitaires. (1) Où situer l’islamisme ? Assurément en frère jumeau du nazisme car ils ont l’un et l’autre en commun la haine du Juif et son extermination.

I. Hassan al-Bana et Hitler, deux génies du mal


Il faut faire un parallèle entre Between Yesterday and Today écrit en 1939 par Hassan al-Bana, fondateur égyptien des Frères Musulmans, et Mein Kampf rédigé en 1924. Hitler écrit : « en vous défendant contre le Juif, je combats pour défendre l’œuvre du Seigneur » (2). Quinze ans plus tard, al-Bana écrit « les principes coraniques ont permis de mettre fin aux superstitions qui prévalaient dans la péninsule arabique. Ils ont banni le judaïsme trompeur (3). D’une part, on est à peu près certain que al-Bana avait entendu parler de « Mein Kampf » mais surtout que pour l’idéologie nazie le juif est l’antéchrist là où pour al-Bana il est trompeur, donc à bannir » Seul le mode discursif diffère : idéologique chez Hitler, religieux chez al-Bana.

II. Amin al-Husseini, le Fürher musulman

En 1941, Mohamed Amin al Husseini, grand mufti de Jérusalem, s’allie avec Hitler. Dans ses Mémoires, Husseini écrit : « J’ai demandé à Hitler de me donner son engagement explicite pour permettre de résoudre le problème juif d’une façon conforme aux méthodes scientifiques inventées par l’Allemagne pour son traitement des Juifs. J’obtins la réponse suivante : les Juifs sont à vous » (4). En 1945, Husseini est arrêté par les Français. Il est placé en liberté surveillée dans des conditions particulièrement confortables. En mai 1946, Paris, après avoir refusé à Londres sa demande d’extradition, décide en catimini de le laisser partir. Ainsi, muni d’un faux passeport (fourni par le Quai d’Orsay,) il s’envole pour le Caire à bord d’un avion de la compagnie TWA. (5) Craignant l’ire des Etats-Unis et du Congrès Juif Mondial, le Quai d’Orsay inventera un roman abracadabrant pour justifier ce « départ » en invoquant des pressions arabes. Une chose demeure certaine, l’évasion du Mufti en direction du Caire sera déterminante dans la chute du roi Farouk et l’avènement de Nasser. L’influence du Mufti de Jérusalem a été capitale dans l’évolution géopolitique islamiste. Son retour au Caire, berceau des Frères Musulmans, va accélérer l’œuvre de déstabilisation politique par un soutien très fort au panarabisme nassérien. Mais Nasser, animal politique hors-norme s’est vite méfié des Frères Musulmans en arrêtant et condamnant à mort l’idéologue des Frères Musulmans Sayyid Qutb, le 26 août 1966.

III. Manipulations de masses

Hassan al-Bana et Hitler jettent sur le papier les bases de leur exécration des Juifs sachant que le peuple fera le reste. Dans un discours prononcé en 1938 devant les S.A. Hitler déclare : « Tout ce que vous êtes, vous l’êtes à travers moi : tout ce que je suis je le suis seulement à travers vous ». Hassan al-Bana, tout aussi manipulateur écrit : « Nous transmettons le plus haut des messages : celui d’Allah, que nous préconisons le système le plus puissant : l’idéologie islamique, et que nous offrons à l’humanité la loi la plus juste : la loi sacrée du Coran » Pour reprendre Hanna Arendt « Sans les masses, le chef n’existe pas » (6). Cette idéologie islamo-nazie, a trouvé son paroxysme au moment de la prise d’otage d’un avion d’Air France détourné sur Entebbe en Ouganda en juillet 1976 par un commando du Front Populaire de Libération de la Palestine dans lequel est présent un couple d’Allemands. Ce sont précisément ces deux Allemands qui lanceront l’idée de séparer Juifs et non Juifs parmi les voyageurs. « La confusion entretenue par les groupes palestiniens entre Israéliens et Juifs atteint, ici, une dimension symbolique. La « sélection » opérée par les deux terroristes allemands présents avec le commando palestinien fait revivre dans l’imaginaire de l’Occident, et particulièrement allemand, cette même logique qui avait présidé à l’extermination des Juifs d’Europe », écrit Michaël Prazan (7).

IV. Négationnisme et islamisme

L’islamisme se nourrit du négationnisme et inversement. Les deux phénomènes répondent à la même idéologie, car l’un et l’autre visent un même but : placer le juif en accusation. Le négationnisme échafaude toute une théorie pseudo-scientifique selon laquelle il n’y a jamais eu de chambres à gaz dans le seul but d’accuser les Juifs de menteurs devant l’histoire. Car il faut gommer la réalité pour construire une idéologie fantasmatique reposant essentiellement sur un « lobby juif » capable de modifier l’histoire au point que, malgré les photographies des camps prises par les nazis, les centaines de milliers de pages de rapport et le procès de Nuremberg, le négationniste répondra toujours : fake news. L’islamiste quant à lui répondra : juif ennemi du Coran, donc des Musulmans. Le point de jonction entre négationnisme et islamisme se situe dans la dénonciation d’un judaïsme comploteur et complotiste qui puise ses racines haineuse dans le protocole des Sages de Sion, un faux antisémite rédigé par la police secrète tsariste en 1903, repris à la fois par Hitler et par Hassan al-Bana.

V. Le tiers-mondisme dénaturé

Nombreux sont les chercheurs et écrivains (8) qui ont clairement démontré la filiation incestueuse entre nazisme et islamisme. Cependant, à cette alliance entre ces deux totalitarismes qui, au fur et à mesure que le temps passait devenait une vieille lune de l’Histoire, s’est agrégée une gauche militante et tiers-mondiste. Nasser, leader incontesté du monde arabe dans les années 1960, aide le FLN algérien. Mais, tapis dans l’ombre, les Frères Musulmans ne sont pas restés inactif notamment dans la guerre d’Algérie. La gauche, sans s’en rendre vraiment compte, va très vite être l’outil des islamistes. Son militantisme tiers-mondiste repose sur trois murs porteurs. Premièrement, en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la gauche occidentale se positionne clairement en faveur des luttes armées des mouvements de libération. Deuxièmement à travers une université allaitée depuis les années 1950 à un anti-américanisme affiché, elle a développé un discours parfaitement manichéen où la gauche détentrice du Bien s’oppose naturellement à une droite image du Mal. Troisièmement par le soutien à Nasser vu alors comme le leader arabe des Non-Alignés elle pense surfer sur le vent de l’histoire en soutenant la cause arabe d’abord, puis à partir des années 70 la cause palestinienne. Ce n’est pas un hasard si Alger devient le lieu de villégiature du terrorisme international depuis le FPLP de Georges Habache jusqu’aux Brigades Rouges en passant par Action Directe et l’IRA. L’abbé Pierre, dès 1956, dans une lettre adressée à Roger Garaudy, ancien membre du Parti communiste et condamné pour crime contre l’humanité écrit : « Je constate qu’après la constitution de leur État, les Juifs de victimes sont devenus des bourreaux. La planification ethnique devenue systématique de l’État d’Israël d’aujourd’hui découle du principe empêchant le mélange du sang juif de tous les autres. La différence ontologique entre Israël et les autres nations justifie un ensemble de lois racistes comparables aux lois de Nürmberg » (9) Ce texte est intéressant parce qu’il se situe en droite ligne d’un tiers-mondisme non seulement manichéen mais foncièrement antisémite.

VI. Conclusions

Les islamistes radicaux ne connaissent qu’une loi, la leur, quitte à tuer les musulmans qui ne pensent pas comme eux (10). Cependant il existe une contrefeu : l’éducation. Quand Hissen Chalghoumi, imam de Drancy part en Israël avec des jeunes des banlieues, il fait œuvre d’éducation. Avant lui, en 2009 du lycée français de la Marsa non loin de Tunis, un professeur d’histoire est parti à Auschwitz avec des élèves de 1ère, comprenant un juif, trois catholiques et six musulmans. Une image reste gravée dans ma mémoire. Le seul élève juif du groupe est en larmes. Ses camarades musulmans le prennent dans les bras pour le consoler. A travers cette horreur insurmontable, c’est un travail sur Dieu et son silence, sur la haine et sa banalisation, un travail sur nous-mêmes et sur nos angoisses. Ces jeunes ont fait un douloureux chemin existentiel à travers Auschwitz. L’islamisme est un poison qui se nourrit d’ignorance. Faisons en sorte que l’éducation en soit le plus fort antidote.

Références de l’auteur
  1. Les Origines du Totalitarisme, édition complète Quarto-Gallimard 2002, (p. 723)
  2. Mein Kampf, extraits et analyse critique (université de Montréal 2008)
  3. Extrait cité par Florence Bergeaud-Blacker in le frérisme et ses réseaux ed. Odile Jacob 2023 (p.41). De même, citons l’étude menée en 2017 par le prof. Tommy Larson The islamist Ideology of Hassan al-Banna (Université d’Oslo, disponible uniquement en anglais.)
  4. Antoine Vitkine Mein Kampf, histoire d’un livre Flammarion, 2009 (p.251)
  5. Tsilla Herschco de l’université Bar Ilan le mufti de Jérusalem, histoire d’une évasion N°1 de la revue Controverse, mars 2006.
  6. Hanna Arendt, op cit.
  7. Michael Prazan in une Histoire du Terrorisme, Flammarion, 2012 p.261
  8. Notamment Pierre-André Taguieff, chercheur au CNRS. Sur le plan littéraire citons Mort d’un Juif (1968) de Vahé Katcha roman qui met en scène un ancien officier SS et un policier libanais sur fond de guerre des Six Jours. Plus près de nous, l’écrivain algérien Boualem Sansal avec son roman Le Village de l’Allemand (2008) mettant au jour les liens entre islamistes algériens et descendants d’anciens nazis.
  9. Dans les années 90, l’abbé Pierre a réitéré son soutien à Roger Garaudy lors du procès intenté à ce dernier pour négations de crime contre l’humanité ». Bernard Kouchner avec qui l’Abbé Pierre a rédigé un ouvrage (Dieu et les Hommes, - Robert Lafont 1993) a déclaré : il (abbé Pierre) croit avoir levé un tabou en parlant des camps nazis. Ce qu'il a levé, c'est le retour de la haine. Je connais l'abbé Pierre, je sais qu'il est têtu, il risque de s’enferrer jusqu'à devenir profondément révisionniste. J’espère que non. » L’abbé Pierre qui a sauvé a sauvé des Juifs pendant la guerre, c’est un fait, considère la création de l’État d’Israël comme une aberration théologique autant qu’une provocation impérialiste. Ainsi son idéologie tiers-mondiste masque un antijudaïsme qui rappelle celui de la chrétienté médiévale.
  10. Pour exemple, les menaces physiques qui pèsent sur l’imam Hassen Chalghoumi, étant de ce fait sous protection policière permanente.

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