Europe 2024 – URSS 1991

 Mikhaïl Gorbatchev en visite sur le Mur de Berlin le 16 avril 1986. 


« Notre Europe aujourd’hui est mortelle » ; c’est par ces mots que s’est exprimé Emmanuel Macron à la Sorbonne fin avril 2024.

A l’approche des élections européennes, le propos de cet article n’est naturellement pas, je ne le fais jamais, de proposer une approche politique, mais plutôt, pour l’Europe, une mise en perspective avec des faits historiques, alors que l’Union européenne a l’âge de l’URSS lors de son effondrement.

La construction Européenne s’est nourrie d’une volonté, à la chute du national-socialisme, d’arrimer l’Allemagne de l’Ouest au bloc occidental, précisément pour éviter qu’elle tombe dans le giron soviétique.

L’élan de cette construction économique, d’abord, puis toujours plus politique, a été le miroir de l’affaiblissement puis de la dislocation du bloc de l’Est.

La chute de l’URSS, c’est avant tout la confrontation du socialisme idéologique au réel et l’effondrement qui en est résulté des fondements idéologiques de ce bloc.

Les cadres du parti eux-mêmes doutaient du caractère réaliste de leur idéologie, le communisme universel, notamment de la possibilité de suppression de la propriété privée.

Le récit idéologique des cadres du parti s’étiole et le pays réel, en crise, impose au parti unique d’abandonner le discours pour se concentrer sur le traitement des difficultés économiques et sociales.

La parole performative avait trouvé sa limite, dans un contexte où aucun récit national n’avait réussi à s’imposer pour la raison très simple qu’il n’y avait pas de nation « URSS », mais une Russie en prise avec ses pays satellites en crise.

Les années 1980 sont celles d’une crise économique et d’une crise des identités nationales, autant de thématiques qui font directement écho à notre réalité contemporaine.

Géorgie, Tchétchénie, Haut-Karabagh, Azerbaïdjan, entre 1978 et 1991, les pays satellites de l’URSS se sont enflammés, ont réclamé leur indépendance, sur fond de réflexions sur la pertinence des frontières et de conflits ethniques.

Ils faisaient l’actualité d’alors, ils sont encore présents dans l’actualité d’aujourd’hui.

Lors de son élection en 1985 à la tête du Parti soviétique, Mikhaïl Gorbatchev est au cœur de la tourmente et la catastrophe nucléaire de Tchernobyl de 1986 mettra au grand jour les faiblesses de l’organisation technocratique de l’URSS.

La perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence) ne répondront pas aux attentes des cadres du parti, car libérant l’accès à la connaissance, elles permirent aux citoyens russes de retrouver leurs racines, leur histoire et de déboucher sur une critique du récit organisé par le parti communiste.

Le récit national, occulté par des années de dictature, reprenait sa place.

Parallèlement, la chute du mur de Berlin en 1989 marque la fin progressive des républiques socialistes d’Europe de l’Est.

Le putsch raté d’août 1991 sonne le glas de l’URSS qui se disloque définitivement le 25 décembre 1991.

Voici en quelques mots une histoire qui a pourtant encore des conséquences extrêmement importantes sur notre monde contemporain.

Une grande partie des anciennes républiques socialiste de l’Europe de l’Est a rejoint l’Union européenne, ou aspire à la rejoindre.

Mais surtout les problématiques nationales qui ont conduit à la chute de l’URSS sont toujours présentes.

30 ans plus tard rien n’est résolu.

La chute de l’URSS devrait pourtant nous alerter et nous remettre en perspective et en question.

Un aveuglement sur l’importance des nationalismes, le dévoiement du récit national au profit d’un récit forgé sur une idéologie mortifère du passé, un gouvernement technocratique loin des réalités économiques et des difficultés des citoyens, tels furent les ingrédients de la chute de l’URSS.

Il nous appartient de regarder notre quotidien et de tirer les leçons de cette chute si nous ne voulons pas que notre Occident s’écroule.

Nous devons construire tous les jours notre récit national et européen, basé sur notre histoire. C’est forts de ce récit et de la prise en compte de la situation du pays réel, loin d’une vision technocratique, que nous pourrons sauver notre modèle et notre civilisation.

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