« Chacun, de par son labeur, doit pouvoir vivre dignement ainsi que sa famille, et épargner »

 Maître Jean-Philippe Carpentier.


Nous vivons en société et beaucoup feignent aujourd’hui de l’ignorer.

Je vous propose cette semaine de nous replonger dans une société et une époque qui ont, assurément, beaucoup à nous apprendre.

Je reprendrai pour illustrer mon propos la pensée d’un des plus grands théologiens du Moyen Âge.

Cette pensée est d’une profonde modernité et nous plonge au tréfonds de la nature humaine et de ce qui nous distingue des autres êtres vivants.

« Or chaque homme, par sa nature même, possède innée en lui la lumière de la raison qui dirige ses actes vers sa fin. Et s’il convenait à l’homme de vivre solitaire, comme il en va pour beaucoup d’animaux, cette lumière lui suffirait pour l’orienter vers sa fin ; chacun serait à soi-même son roi, sous le règne suprême de Dieu, en tant que, par le don divin de la raison, il se dirigerait soi-même dans ses actes. Mais la nature de l’homme veut qu’il soit un animal social et politique, vivant en collectivité ».

Cela ne parait rien et cela illustre tout.

En effet, nous sommes avant tout des personnes sociales, politiques, qui vivons en collectivité.

Notre éducation, le fondement de toute notre activité repose sur cette collectivité.

Mais surtout, cette définition de l’homme nous plonge face à un paradoxe de notre société moderne, celui de notre remplacement par la machine et par l’intelligence artificielle.

Sur ce terrain, l’homme du Moyen Âge nous donne une solution radicale, il situe l’homme dans la nature et au sein des êtres vivants.

S’il est bien quelque chose qui nous distingue de l’intelligence artificielle, c’est précisément qu’elle n’appartient pas à l’ordre du vivant, cet ordre qu’il nous échet avant toute chose de préserver et de chérir.

Nous nous devons de ne pas nous laisser dépasser par une machine que nous pouvons tout simplement faire taire en la débranchant.

Se recentrer sur ce concept de vivant est sûrement un des legs essentiels de ce Moyen Âge qu’il nous appartient de toujours garder présent à l’esprit.

Néanmoins, notre vie en société ne peut se faire qu’au travers de règles claires et justes.

C’est ce qu’illustre, avec fracas, notre théologien du Moyen Âge, dans une pensée que je fais volontiers mienne, en précisant : « Chacun, de par son labeur, doit pouvoir vivre dignement ainsi que sa famille, et épargner ».

C’est ainsi que le Moyen Âge arrivait à concilier une doctrine sociale avec une forme de capitalisme et d’entrepreneuriat.

Là aussi le concept est moderne.

Il est finalement au cœur de tous les débats politiques actuels et cette simple phrase synthétise une forme d’idéal de société qui permettrait ainsi à chacun de s’épanouir.

Mais rappelait notre théologien, «il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ».

C’est finalement là l’âme du dirigeant et l’âme du politique, éclairer non pour briller, mais pour être au service de la communauté.

Cette Maxime est loin d’être incongrue dans le contexte de crise que nous traversons.

Ce contexte de crise est anxiogène et nous fait oublier l’essentiel.

Prenons la guerre, par exemple, elle est partout, dans tous les esprits, dans tous les médias.

Et pourtant notre théologien, nous explique « Une guerre est juste si sa cause est juste et qu’elle poursuit le Bien Commun ».

C’est finalement sur cette notion de poursuite du bien commun que je vous propose de quitter pour cette semaine la pensée de Saint-Thomas d’Aquin que nous aurions tous à gagner à méditer et faire nôtre pour retrouver, tous ensembles, une direction commune et une société apaisée.

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