■ Manifestations pro-palestiniennes près de la prestigieuse université de Columbia.
Ces jours-ci, quelque chose de révoltant force à réagir.
Il s’agit de l’indigne popularité des assassins sadiques du Hamas, acclamés, fêtés jusque dans nos établissements d’enseignement, donc chez les élites en gestation. Ce courant de sympathie a un caractère international, et ce sont, comme en 68, les universités américaines qui ont lancé la mode dont la vague nous atteint, en France. La même remarque a été valable pour Black Lives Matter, et pour Metoo, en ce qui concerne le passé récent, les années dernières.
On peut légitimement parler d’assassinats et de plus, prémédités, répétés sans doute de longue date, avec une logistique, une mise en scène sophistiquée, ressemblant comme préparation à l’attentat du 11 septembre. Il y a des degrés dans la cruauté sadique des assassinats, le 11 septembre a été un meurtre de masse, causant des morts par le feu et par la chute des victimes dans le vide, mais il n’y a eu aucun corps à corps, pas de supplices atroces.
Le 8 octobre est donc marqué par un outrepassement des limites de l’humain, un basculement féroce dans l’inhumain, ainsi qu’une montée de la haine vengeresse à un degré et une ampleur inédits.
Là encore, les responsabilités ne sont pas proches et immédiates, ou pas seulement : le saut a été préparé par un élan ancien, et pour ce qui concerne l’écho enthousiaste qui n’aurait pas dû être, aux États-Unis et en Europe, il renvoie à des décennies de propagande mixte, à la fois politique et idéologique, mais aussi théorique, déjà évoquées à propos de l’offensive russe : la french theory a labouré le sol où fleurissent les hourras. Il n’est plus temps de regretter nos propres enthousiasmes aveugles pour la GRCP, grande révolution culturelle prolétarienne auto-baptisée et proclamée, qu’une élite des années 60, avant 68, dont j’étais, trouvait globalement soutenable, alors que les Chinois d’aujourd’hui en parlent avec répugnance et honte. Cela donne l’espoir que plus tard, les soutiens fanatiques du Hamas se rendront compte de quelque chose.
Reste donc à réfléchir sur le sadisme des meurtres acceptés et présentés comme dignes d’éloges par des jeunes cultivés, pas tous heureusement. Pour la France, nous avons une référence peu rappelée ces temps-ci: le gang des barbares, à une échelle individuelle, où ont été commis des actes de torture ignobles sur un Juif comme tel, plusieurs jours durant, sous le prétexte vague qu’il cacherait de l’argent. Complaisance obscène dans l’horreur, et modèle réduit de ce qui est arrivé le 8 octobre dans la rave party sanglante. Les assassins sont encore en prison, eux.
On doit constater que dans le mouvement de soutien au Hamas, l’indignation devant les séquelles du 8 octobre couvre et pense légitimer ses atrocités, rétrospectivement : la violence parfaitement prévisible, et prévue par les commandos assassins, de la riposte israélienne, des bombardements interminables et meurtriers, un chaos insoutenable, une direction politique faillie, servent à occulter l’essentiel et l’inédit, la transgression d’une règle non dite qui protège l’humain de l’inhumain.
Mais! Y a-t-il seulement une loi naturelle ?
Je me permets de proposer quelques idées qui me sont personnelles, de me confier : Non ! Tout n’est pas culturel, tout n’est pas une « construction sociale ». La société ne se substitue pas au Dieu donné pour mort, elle ne fait pas La Loi. Le relativisme culturel, dans sa grande largeur d’esprit, idéalise et falsifie les cultures. Il interprète de travers le sens des traditions. Il n’y a pas à légitimer d’autres mœurs au nom d’un multiculturalisme, et ici, ce ne sont plus des « mœurs ».
Mais pas davantage, la nature ne ferait de la cruauté sa loi.
La cruauté existe de toujours, et Sade a fait d’elle une loi de nature, une divinité. Il a dressé un interminable et fastidieux répertoire de tout ce qu’un humain peut faire subir à un autre, afin de suivre la cruauté universelle de la Nature Dieu. Albert Camus en a parlé en mal dans L’homme révolté, soulignant la pauvreté consternante de la jouissance du bourreau, en contraste avec les fêtes des sens dans l’amour. Le sadisme est une faillite humaine, un pis aller de la relation. ET il va à l’encontre d’une loi que la nature propose à qui veut la déchiffrer loyalement.
C’est ce que j’ai cherché à faire récemment dans La loi du plus faible, en scrutant un des secrets de la vie, si basique, si décisif qu’on l’évoque peu, et qu’on en parle en mal comme de quelque chose d’archaïque et de régressif: la vie utérine, la vie d’avant la naissance.
Il n’y aurait pas « la vie » sur terre si la nature ne suivait pas cette loi non écrite, qui doit servir de modèle dans les relations humaines : la protection du plus faible, jusqu’à sa prise de maturité, et dans ce cas jusqu’à sa naissance. Coquilles des œufs, surabondance afin qu’il en reste, abri utérin des mammifères ou poche des marsupiaux, la vie a sans cesse inventé des ruses pour contrecarrer la menace qui pèse sans cesse sur les vivants mortels, comme si elle avait voulu parer aux forces de destruction.
Il n’y a donc pas un « droit du plus fort » hiérarchique, ni un droit illimité et inconditionnel sur l’autre vivant, selon les circonstances de la coexistence, si bien qu’on distingue un droit de la guerre, légitime, et un terrorisme hors la loi. La cruauté barbare en rajoute dans l’insulte à la nature, à l’humanité, à la volonté abusive et sans bornes. Ses soutiens sont ou abusés, ou complices.
Il s’agit de l’indigne popularité des assassins sadiques du Hamas, acclamés, fêtés jusque dans nos établissements d’enseignement, donc chez les élites en gestation. Ce courant de sympathie a un caractère international, et ce sont, comme en 68, les universités américaines qui ont lancé la mode dont la vague nous atteint, en France. La même remarque a été valable pour Black Lives Matter, et pour Metoo, en ce qui concerne le passé récent, les années dernières.
On peut légitimement parler d’assassinats et de plus, prémédités, répétés sans doute de longue date, avec une logistique, une mise en scène sophistiquée, ressemblant comme préparation à l’attentat du 11 septembre. Il y a des degrés dans la cruauté sadique des assassinats, le 11 septembre a été un meurtre de masse, causant des morts par le feu et par la chute des victimes dans le vide, mais il n’y a eu aucun corps à corps, pas de supplices atroces.
Le 8 octobre est donc marqué par un outrepassement des limites de l’humain, un basculement féroce dans l’inhumain, ainsi qu’une montée de la haine vengeresse à un degré et une ampleur inédits.
Là encore, les responsabilités ne sont pas proches et immédiates, ou pas seulement : le saut a été préparé par un élan ancien, et pour ce qui concerne l’écho enthousiaste qui n’aurait pas dû être, aux États-Unis et en Europe, il renvoie à des décennies de propagande mixte, à la fois politique et idéologique, mais aussi théorique, déjà évoquées à propos de l’offensive russe : la french theory a labouré le sol où fleurissent les hourras. Il n’est plus temps de regretter nos propres enthousiasmes aveugles pour la GRCP, grande révolution culturelle prolétarienne auto-baptisée et proclamée, qu’une élite des années 60, avant 68, dont j’étais, trouvait globalement soutenable, alors que les Chinois d’aujourd’hui en parlent avec répugnance et honte. Cela donne l’espoir que plus tard, les soutiens fanatiques du Hamas se rendront compte de quelque chose.
Reste donc à réfléchir sur le sadisme des meurtres acceptés et présentés comme dignes d’éloges par des jeunes cultivés, pas tous heureusement. Pour la France, nous avons une référence peu rappelée ces temps-ci: le gang des barbares, à une échelle individuelle, où ont été commis des actes de torture ignobles sur un Juif comme tel, plusieurs jours durant, sous le prétexte vague qu’il cacherait de l’argent. Complaisance obscène dans l’horreur, et modèle réduit de ce qui est arrivé le 8 octobre dans la rave party sanglante. Les assassins sont encore en prison, eux.
On doit constater que dans le mouvement de soutien au Hamas, l’indignation devant les séquelles du 8 octobre couvre et pense légitimer ses atrocités, rétrospectivement : la violence parfaitement prévisible, et prévue par les commandos assassins, de la riposte israélienne, des bombardements interminables et meurtriers, un chaos insoutenable, une direction politique faillie, servent à occulter l’essentiel et l’inédit, la transgression d’une règle non dite qui protège l’humain de l’inhumain.
Mais! Y a-t-il seulement une loi naturelle ?
Je me permets de proposer quelques idées qui me sont personnelles, de me confier : Non ! Tout n’est pas culturel, tout n’est pas une « construction sociale ». La société ne se substitue pas au Dieu donné pour mort, elle ne fait pas La Loi. Le relativisme culturel, dans sa grande largeur d’esprit, idéalise et falsifie les cultures. Il interprète de travers le sens des traditions. Il n’y a pas à légitimer d’autres mœurs au nom d’un multiculturalisme, et ici, ce ne sont plus des « mœurs ».
Mais pas davantage, la nature ne ferait de la cruauté sa loi.
La cruauté existe de toujours, et Sade a fait d’elle une loi de nature, une divinité. Il a dressé un interminable et fastidieux répertoire de tout ce qu’un humain peut faire subir à un autre, afin de suivre la cruauté universelle de la Nature Dieu. Albert Camus en a parlé en mal dans L’homme révolté, soulignant la pauvreté consternante de la jouissance du bourreau, en contraste avec les fêtes des sens dans l’amour. Le sadisme est une faillite humaine, un pis aller de la relation. ET il va à l’encontre d’une loi que la nature propose à qui veut la déchiffrer loyalement.
C’est ce que j’ai cherché à faire récemment dans La loi du plus faible, en scrutant un des secrets de la vie, si basique, si décisif qu’on l’évoque peu, et qu’on en parle en mal comme de quelque chose d’archaïque et de régressif: la vie utérine, la vie d’avant la naissance.
Il n’y aurait pas « la vie » sur terre si la nature ne suivait pas cette loi non écrite, qui doit servir de modèle dans les relations humaines : la protection du plus faible, jusqu’à sa prise de maturité, et dans ce cas jusqu’à sa naissance. Coquilles des œufs, surabondance afin qu’il en reste, abri utérin des mammifères ou poche des marsupiaux, la vie a sans cesse inventé des ruses pour contrecarrer la menace qui pèse sans cesse sur les vivants mortels, comme si elle avait voulu parer aux forces de destruction.
Il n’y a donc pas un « droit du plus fort » hiérarchique, ni un droit illimité et inconditionnel sur l’autre vivant, selon les circonstances de la coexistence, si bien qu’on distingue un droit de la guerre, légitime, et un terrorisme hors la loi. La cruauté barbare en rajoute dans l’insulte à la nature, à l’humanité, à la volonté abusive et sans bornes. Ses soutiens sont ou abusés, ou complices.
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