La guerre scolaire est un vieux combat des gauches françaises. L’enseignement privé sous contrat y est mal vu, parce que catholique et parce que privé.
Or, le niveau des élèves français dégringole. Les critiques et les tentatives de réforme pleuvent donc. Mais curieusement les discussions dévient sur le débat sur la mixité sociale et non sur le niveau.
Pourtant, l’objectif de l’enseignement est d’abord le niveau, et son lien avec la mixité sociale n’est pas évident. Mais cette dernière est considérée comme prioritaire et comme elle existe moins dans le privé, il faudrait obliger ce dernier à la respecter également !
I. L’échec du système actuel
Cet échec est mesuré par la chute régulière de la France dans le classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Vous trouverez plus de détails dans mon article (lien).
Vous remarquerez notamment qu’en mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude PISA en 2000. Rappelons que la France se trouvait au-dessus de la moyenne en 2003.
Il n’y a pas que PISA : dans « L’État de l'école » publiée en 2022 par le service statistique du ministère de l’Éducation, on trouve : « depuis trente ans, une baisse très sensible du niveau moyen et une augmentation des inégalités ». Et « le niveau à l’écrit des 10% d’élèves des familles les plus riches équivaut à une avance de trois années scolaires environ par rapport aux 10 % d'élèves les plus pauvres ».
Mais cette constatation de l’inégalité sociale ne dit pas que c’est elle qui est à l’origine de la baisse de niveau. Le rassemblement d’élèves hétérogènes, par exemple dans le « collège unique », peut, au contraire, être rapproché de la baisse du niveau.
Pour une fois, on peut dire « c’était mieux avant » et, on peut même ajouter « c’est mieux ailleurs ».
II. La priorité à la mixité de sociale
Mais, curieusement, ce n’est pas la baisse de niveau qui est remarquée, mais le fait que « les jeunesses ne se croisent plus » (Le Monde du 21 mars 2024), c’est-à-dire que la mixité sociale aurait diminué.
Tout un courant de pensée porté notamment par ce journal et le média Alternatives économiques semble estimer que l’objectif de l’école est la mixité sociale, et non le retour un meilleur niveau.
Ce média s’appuie notamment sur une citation de l’économiste Youssef Souidi, qui a lancé le 10 avril un ouvrage intitulé Vers la sécession scolaire ? Mécaniques de la ségrégation au collège. Conclusion : on n’arrivera pas à faire progresser la mixité sociale si l’on ne revoit pas les privilèges octroyés au secteur privé en matière de recrutement et de sélection des élèves. Autrement dit, il faudrait étendre à ce secteur ce qui se fait dans le secteur public qui croûle pourtant sous les problèmes.
Alternatives économiques attaque par ailleurs les groupes de niveau, les accusant d’organiser la ségrégation scolaire et de détruire « 50 ans de travail d’unité ».
Ces articles posent comme évident que la mixité sociale serait un moyen de réduire la chute du niveau. J’avoue ne pas voir de lien logique entre les deux
d’abord, il y a éventuellement des conséquences négatives pour les meilleurs élèves. C’est d’ailleurs ce que craignent les parents et qui explique leur fuite vers le privé.
Ensuite, il n’est pas évident qu’il faille le même genre d’enseignants dans des milieux sociaux différents.
Enfin, il est tout à fait possible qu’il soit plus difficile de faire progresser les élèves d’une classe hétérogène que ceux de classes homogènes, qu’elles soient en dessus ou en dessous de « la normale ». En tout cas une décentralisation par établissement permettrait les ajustements.
Et de toute façon, l’objectif de l’enseignement n’est pas la mixité sociale, mais l’augmentation du niveau.
Mais, curieusement, ce n’est pas la baisse de niveau qui est remarquée, mais le fait que « les jeunesses ne se croisent plus » (Le Monde du 21 mars 2024), c’est-à-dire que la mixité sociale aurait diminué.
Tout un courant de pensée porté notamment par ce journal et le média Alternatives économiques semble estimer que l’objectif de l’école est la mixité sociale, et non le retour un meilleur niveau.
Ce média s’appuie notamment sur une citation de l’économiste Youssef Souidi, qui a lancé le 10 avril un ouvrage intitulé Vers la sécession scolaire ? Mécaniques de la ségrégation au collège. Conclusion : on n’arrivera pas à faire progresser la mixité sociale si l’on ne revoit pas les privilèges octroyés au secteur privé en matière de recrutement et de sélection des élèves. Autrement dit, il faudrait étendre à ce secteur ce qui se fait dans le secteur public qui croûle pourtant sous les problèmes.
Alternatives économiques attaque par ailleurs les groupes de niveau, les accusant d’organiser la ségrégation scolaire et de détruire « 50 ans de travail d’unité ».
Ces articles posent comme évident que la mixité sociale serait un moyen de réduire la chute du niveau. J’avoue ne pas voir de lien logique entre les deux
d’abord, il y a éventuellement des conséquences négatives pour les meilleurs élèves. C’est d’ailleurs ce que craignent les parents et qui explique leur fuite vers le privé.
Ensuite, il n’est pas évident qu’il faille le même genre d’enseignants dans des milieux sociaux différents.
Enfin, il est tout à fait possible qu’il soit plus difficile de faire progresser les élèves d’une classe hétérogène que ceux de classes homogènes, qu’elles soient en dessus ou en dessous de « la normale ». En tout cas une décentralisation par établissement permettrait les ajustements.
Et de toute façon, l’objectif de l’enseignement n’est pas la mixité sociale, mais l’augmentation du niveau.
III. La relance de la guerre scolaire
Le 20 mars, Le Monde mettait en avant « le poids du déterminisme social et de la concentration des difficultés dans les établissements les plus défavorisés » du secteur public (comprendre : « dont la population est la plus socialement défavorisée », ce qui ne paraît pas très étonnant) : la réussite du brevet est de 99 % dans les établissements privés et de 81 % dans ceux « d’éducations prioritaire renforcée ».
Le Monde du 28 février relance le débat sur la gestion « singulière » des établissements privés sous contrat, qui accueillaient 17,6 % des élèves à la rentrée 2022, et expose qu’ils doivent être davantage régulés. Le 2 avril, ce même journal attaquait l’enseignement privé pour insuffisance de mixité sociale.
Et pourtant, d’après la fondation iFRAP, le privé coûte 30 % de moins au budget de l’État que l’enseignement public, en grande partie du fait du moindre coût des enseignants et de leurs retraites (davantage contractuels, moins d’agrégés…).
Cela illustre également qu’un recrutement différent de celui du public peut être efficace, puisque l’enseignement privé est préféré au public bien que coûtant plus cher aux parents.
Finalement, pourquoi cette relance de la guerre scolaire ? Est-ce pour ressouder la gauche ? Est-ce pour occulter le débat sur les raisons de la chute de niveau ?
Le logiciel Affelnet (Affectation des Elèves par le net) gère l’affectation dans les lycées de l’ensemble des collégiens de troisième. Il prend en compte plusieurs critères pour affecter chaque élève dans un établissement.
Le 20 mars, Le Monde mettait en avant « le poids du déterminisme social et de la concentration des difficultés dans les établissements les plus défavorisés » du secteur public (comprendre : « dont la population est la plus socialement défavorisée », ce qui ne paraît pas très étonnant) : la réussite du brevet est de 99 % dans les établissements privés et de 81 % dans ceux « d’éducations prioritaire renforcée ».
Le Monde du 28 février relance le débat sur la gestion « singulière » des établissements privés sous contrat, qui accueillaient 17,6 % des élèves à la rentrée 2022, et expose qu’ils doivent être davantage régulés. Le 2 avril, ce même journal attaquait l’enseignement privé pour insuffisance de mixité sociale.
Et pourtant, d’après la fondation iFRAP, le privé coûte 30 % de moins au budget de l’État que l’enseignement public, en grande partie du fait du moindre coût des enseignants et de leurs retraites (davantage contractuels, moins d’agrégés…).
Cela illustre également qu’un recrutement différent de celui du public peut être efficace, puisque l’enseignement privé est préféré au public bien que coûtant plus cher aux parents.
Finalement, pourquoi cette relance de la guerre scolaire ? Est-ce pour ressouder la gauche ? Est-ce pour occulter le débat sur les raisons de la chute de niveau ?
Le logiciel Affelnet (Affectation des Elèves par le net) gère l’affectation dans les lycées de l’ensemble des collégiens de troisième. Il prend en compte plusieurs critères pour affecter chaque élève dans un établissement.
Parmi les principaux critères utilisés par les académies figurent le lieu d’habitation de l’élève, les résultats scolaires (demande d’affectation en voie professionnelle et dans certains enseignements à capacité contrainte) et le statut de boursier. Viennent ensuite un rapprochement avec sa fratrie (déjà dans l’établissement), un lycée en limite de zone géographique, etc.
Ce système semble conçu pour obliger à la mixité sociale, les meilleurs élèves n’étant pas dirigés vers les meilleurs lycées. Outre ce que nous avons dit plus haut à savoir l’absence de lien évident entre la mixité sociale et l’amélioration du niveau, c’est mettre en place un mécanisme qui décide à la place des principaux intéressés, à savoir les parents d’élèves et les directeurs de lycée. Outre l’atteinte à une liberté fondamentale, on peut craindre les inconvénients de tout système administratif : fonctionner au détriment des réalités humaines ou concrètes.
Enfin ce système suppose de chiffrer toutes les données et de les combiner. Or les données ne sont pas forcément fiables (les enseignants ne notent pas tous de la même façon, et pour commencer ont tendance à noter par rapport à la moyenne de leur classe).
Les autres données : le niveau socio-intellectuel des parents et la pondération entre différentes disciplines (pourquoi donner un poids plus important au sport et aux disciplines artistiques ?) sont largement arbitraires !
Cela rappelle le mécanisme de promotion à l’ancienneté dans l’Éducation nationale et ailleurs qui ne permet pas de mettre là où il faudrait les enseignants les plus adaptés à la variété des différentes classes, alors que le directeur local tiendrait compte de cette variété.
Si, si. Mais les syndicats, reflétant vraisemblablement l’avis de leurs membres, préfèrent un mécanisme automatique « neutre » à « l’arbitraire » de la décision d’un patron. On s’étonnera ensuite de la réussite du privé, tant dans l’enseignement que dans les entreprises en général. Bref là où les employés sont choisis par des patrons, qui peuvent certes se tromper, mais dans ce cas renvoyer et recommencer, ce qui n’est pas le cas dans le public.
IV Reprise de la guerre scolaire
Le rapport Vannier-Weissberg du 5 avril a été très critique envers l’enseignement privé accusé d’être un système opaque et mal contrôlé pour son usage public. Après ce rapport, M. Vannier, député LFI a fait des commentaires plus « raides » que son collègue macroniste. Il a notamment rappelé que les fonds publics devaient aller à l’école publique.
Ce rallumage de la guerre scolaire par LFI est destiné, à mon avis, à masquer les vrais problèmes de l’enseignement public.
Tout cela a bien entendu a suscité de vives réactions de Philippe Delorme secrétaire général de l’enseignement catholique, principal acteur de l’enseignement privé sous contrat. Le rapport a été nuancé dans un deuxième temps par un « rétro pédalage » de Christophe Wahlberg, le signataire macroniste, : « nous ne remettons pas en cause les existants de l’enseignement privé ni son financement. Il est apprécié par les familles, apporte des projets éducatifs et pédagogiques spécifiques. Laissons les parents faire le choix ».
Le rapport Vannier-Weissberg du 5 avril a été très critique envers l’enseignement privé accusé d’être un système opaque et mal contrôlé pour son usage public. Après ce rapport, M. Vannier, député LFI a fait des commentaires plus « raides » que son collègue macroniste. Il a notamment rappelé que les fonds publics devaient aller à l’école publique.
Ce rallumage de la guerre scolaire par LFI est destiné, à mon avis, à masquer les vrais problèmes de l’enseignement public.
Tout cela a bien entendu a suscité de vives réactions de Philippe Delorme secrétaire général de l’enseignement catholique, principal acteur de l’enseignement privé sous contrat. Le rapport a été nuancé dans un deuxième temps par un « rétro pédalage » de Christophe Wahlberg, le signataire macroniste, : « nous ne remettons pas en cause les existants de l’enseignement privé ni son financement. Il est apprécié par les familles, apporte des projets éducatifs et pédagogiques spécifiques. Laissons les parents faire le choix ».
V. En conclusion
Les entreprises voient arriver des jeunes s’exprimant mal, ne pouvant pas poser clairement un problème ni proposer des solutions claires. L’enseignement du français est donc mauvais, et beaucoup d’entreprises font des cours de rattrapage.
Le cas des carrières scientifiques est bien pire, car quelques cours à l’entrée dans les entreprises ne peuvent pas faire rattraper une formation scientifique, et notamment mathématique, insuffisante pendant la douzaine d’années antérieures (primaire, collège, lycée). Or la plupart des sciences et techniques supposent une bonne formation mathématique et déterminent le niveau de vie de tous.
Sacrifier le français et les mathématiques (et par contrecoup bien d’autres disciplines autres que le sport ou les arts favorisés dans les cotations) au nom de la mixité sociale me paraît donc être une aberration. Il y a sûrement d’autres moyens que de sacrifier le niveau général de la nation.
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