France-Europe-Ukraine : Les effets Trump

 Donald Trump, de retour à la Maison-Blanche en janvier 2025 ?


Donald Trump n’est à ce jour ni élu, ni sorti d’affaire d’un point de vue juridique. Pour mémoire, et pour résumer, il reste accusé de haute trahison et de fraude fiscale majeure, entre autres. Donc, le moins qu’on puisse dire, quand on défend la démocratie, c’est que son élection possible en fin d’année 2024 n’est pas la meilleure nouvelle attendue en Europe.

Mais au-delà de son image d’oncle gênant, ce qui agite le plus sont ses déclarations multiples sur la sortie des États-Unis de l’OTAN, en cas d’élection. A cela s’ajoute le blocage actuel au Congrès des fonds pour l’Ukraine. Et, au même titre que nous n’imaginions pas la guerre revenir en Europe, nous imaginions encore moins les États-Unis cesser de nous protéger dans un scénario « ni allié, ni ennemi ». Les paroles du personnage le moins respectable de la planète (à égalité avec V. Poutine et quelques autres) ont pourtant agi comme si cette sortie était déjà signée.

Le premier effet, sans doute le plus stratégique, est la reprise en main exprimée d’une recherche d’indépendance de défense par l’Europe. Comme on le sait, les discussions sont toujours longues et compliquées, car l’Europe n’est pas un État. Mais il faut reconnaître que les récentes décisions, si elles ne sont pas encore traduites par une réelle économie de guerre vont dans le sens d’une active production matérielle et d’une coordination stratégique. La prise de conscience d’une potentielle solitude de l’Europe a poussé à développer une recherche industrielle de défense. L’Ukraine reste le terrain dramatique de la preuve, mais dans une urgence presque dépassée déjà. (L’UE vient de débloquer 500 millions d’€ pour produire 2 millions d’obus d’ici à 2025).

Le deuxième effet, pour lequel la France tente de jouer les premiers rôles est la génération d’un leadership politique de défense. E. Macron aurait pu se passer des images de boxe non indispensables, mais il reste toutefois au cœur des déclarations d’un réveil européen sur les enjeux de guerre. D’une coordination accrue d’aide à l’Ukraine, on passe sensiblement vers une préparation psychologique au scénario de guerre défensive directe et organisée face à la Russie. Au-delà des craintes, le « il ne faut rien exclure » ne peut s’assumer qu’avec une mesure réelle des forces en présence, et une démonstration des renforts aux frontières de l’OTAN, qui, pour 2024 au moins, reste avec tous ses membres.

Sur le papier, il n’y a pas photo, avantage clair à l’OTAN, mais la mobilisation opérationnelle reste lente, contrairement à la Russie, d’où les alertes macroniennes.


Le troisième effet, en domino, est que le Kremlin se rend compte qu’il faut accélérer face au potentiel réveil de l’Europe, dont le PIB est huit fois supérieur à celui de la Russie ce qui implique une « capacité d’armement » sans que ce soit encore une réalité de production. Dans ce temps de transition, les possibilités russes restent supérieures. Mais cela ne va pas durer. C’est la raison pour laquelle on a vu le discours du Kremlin changer en oubliant « l’opération spéciale » pour parler de guerre. Il en va de même pour les mensonges à répétition du Kremlin, dont le dernier en date serait d’accuser Kiev d’être les auteurs obscurs de l’attentat de Moscou revendiqué par l’État islamique : des mots destinés à sur-justifier la guerre. Ce n’est pas que de la sémantique, les urgences européennes et russes sont conjointes à ce stade.

Enfin, dans cette réorganisation du monde, et dans l’hypothèse où D. Trump serait élu, on ignore en réalité quelle sera sa position définitive. L’individu est imprévisible et il y a fort à parier qu’il se vantera d’avoir poussé l’Europe à se défendre par elle-même et qu’en cas d’échec de la défense de l’UE, il pourrait bien remettre les États-Unis sur le devant de la scène par un déploiement militaire.

Car rien ne lui plairait plus que de jouer les sauveurs et passer du Joker à Batman reste tout à fait dans ses cordes.

Espérons toutefois que les démocrates américains soient les plus nombreux à voter en novembre prochain, car l’OTAN avec une Europe de la défense réinventée serait la meilleure dissuasion.

Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

4 Commentaires

  1. Excellente analyse, sur le fond comme sir la forme . Ces mots auraient pu être miens ! L'urgence réclame plus de compréhension de la situation du côté sénateurs républicains aux USA et plus d'harmonie et de réactiviyé du côté de l'UE ! Merci en tous cas !

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  2. Bravo pour ce commentaire ! Quant à Mr Trump, il ne fait aucun mystère de sa politique : » America first ». Fasse le Ciel que nos dirigeants fassent de même pour leurs Pays et pour l’Europe !

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  3. Merci pour la lecture de l'article !

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