Réflexions - L’arrière-plan démographique du conflit israélo-palestinien

 Jérusalem, ville trois fois saintes, où se côtoient Juifs et Arabes, chrétiens ou musulmans. (Wikimedia Commons)

Par Yves Montenay - Centralien, Sciences Po, docteur en démographie politique. Il a eu une double carrière de chef d’entreprise et d’enseignant en grandes écoles. Il est l’auteur d’ouvrages de démographie et de géopolitique et tient le blog de géopolitique yvesmontenay.fr.

J​usqu’à la fin du XIXe siècle il n’y avait que très peu de juifs en Palestine, puisqu’ils avaient été dispersés par les Romains. Par contre, il y avait une population locale, qu’on appelle aujourd’hui les Palestiniens, installée de toute éternité sous des noms qui ont varié, ainsi que leur langue et leur religion. Il s’agit aujourd’hui en quasi-totalité d’arabophones en général musulmans. La minorité chrétienne s’amenuise du fait de la pression islamiste, leur meilleure formation leur permettant d’émigrer.

L’antisémitisme en Europe, sensible depuis toujours et qui a mené à la Shoa, a déclenché le sionisme à la fin du 19e siècle qui a poussé les juifs à immigrer en Palestine. En 1918 la Palestine est enlevée à l’Empire ottoman et passe sous mandat britannique. L’hostilité des juifs et des Arabes contre les Anglais mène ces derniers à abandonner leur mandat en 1947.

Les Juifs proclament alors l’État d’Israël et battent les armées arabes. La grande majorité des Arabes qui se trouvaient à l’intérieur du nouvel État s’enfuit et se retrouve dans les camps gérés par une agence de l’ONU, l’UNRWA.

Côté israélien, l’immigration a d’abord rassemblé les Ashkénazes (juifs d’Europe). Le nouvel État encourage l’immigration juive. Arrivent les Séfarades fuyant les pays arabes, et renforçant le sentiment anti-arabe de la population, puisqu’ils avaient tout perdu. Vinrent ensuite 1 million de Russes et même des Éthiopiens se réclamant de la reine de Saba.

Finalement Israël a aujourd’hui 9,6 millions d’habitants dont 2 millions d’Arabes.

Les Palestiniens, eux, sont d’une part des Arabes restés sur place, soit en Israël soit dans les territoires occupés (Cisjordanie et Gaza), et d’autre part, et en grande majorité, de “réfugiés” vivant dans des camps se trouvant à Gaza, en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie.

Ces “réfugiés” sont nés dans ces camps après que leur grands-parents, voir arrières grand-parents,se soient enfuis devant des troupes israéliennes. Les Israéliens estiment que les gigantesques dépenses de l’ONU auraient été bien mieux utilisées à implanter les réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui aurait fait disparaître le problème. Mais l’éducation dans les camps étant faite par des Palestiniens, ils ont été élevés dans le principe du « droit au retour » alors que le village de leurs ancêtres est devenu entre-temps une ville israélienne.

Sur le plan démographique, le fait de bénéficier d’une administration qui assure le gîte, le couvert et l’éducation, non seulement supprime toute incitation à quitter les camps, mais diminue «le coût de l’enfant », poussant à une très forte fécondité : les “réfugiés” sont passés de 700.000 à 6 millions.

Depuis, cette fécondité a baissé et est voisine de celle des Israéliens, qui a au contraire augmenté, notamment du fait des familles orthodoxes et ultra-orthodoxes, très fécondes, qui font maintenant 21 % de la population. Or cette population est particulièrement anti-palestinienne, et attachée au caractère religieux d’Israël. Ce qui pousse en réaction les Palestiniens vers l’islamisme représenté par le Hamas, et donc à demander la destruction d’Israël.

Bref, si l’immigration juive a peuplé Israël d’environ 7 millions de juifs, le système des camps a fait qu’il y a maintenant environ 7 millions d’Arabes qui demandent la même terre !

1 Commentaires

  1. Un résumé très clair qui désigne "l'insolubilité" de cette situation

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