■ Conflits : Le Temps des Procurations.
Elle est aussi celle des grands États ou groupe d’États face aux risques de guerre planétaire. La guerre par procuration est devenue la nouvelle donne politique et militaire.
I. La procuration politique
Les combattants ukrainiens et les agresseurs russes, les Israéliens et les terroristes du Hamas sont les acteurs de ces conflits actuels. Les populations ukrainiennes, palestiniennes, israéliennes, et dans une moindre mesure les Russes, sont les seconds rôles sacrifiés de ces conflits terrifiants et mortels pour les populations. En dehors d’eux, il n’existe que des États et des gens qui choisissent un camp et jouent la guerre par procuration. Si demain la Chine décidait d’envahir Taïwan, nous aurions un terrain d’expression d’une guerre sino-américaine tout en évitant la réelle guerre sino-américaine. L’invasion de l’Ukraine est le moyen d’expression de Poutine d’une guerre théorique russo-occidentale, et l’infâme agression du Hamas le 7 octobre, le point de départ d’une théorie de guerre islamo-occidentale.
II. La procuration matérielle
L’argent tient un rôle particulièrement stratégique dans le maintien à distance des conflits par les puissances nucléaires. Même l’Iran, prétendant à ce titre, harangue les foules et remplit les chargeurs du Hamas, mais n’intervient pas directement. Les États-Unis restent le grand argentier de la défense occidentale sur les terrains ukrainiens et moyen-orientaux, mais l’immensité de la dépense à produire commence à rendre ces procurations difficiles à accepter par le Congrès américain. L’Europe elle-même ne doute pas et a choisi son camp, mais s’interroge malgré tout sur le budget de sa propre défense directe en cas d’extension ou, pour rester sur le fil de cet article, en cas de fin de procuration. La Turquie oblitère les atrocités terroristes pour réveiller le cœur de sa population sur les thèmes religieux, comme si d’un seul coup les Palestiniens avaient une valeur inestimable. Ils sont surtout l’occasion pour Tayyip Erdogan de consolider son pouvoir central en rééquilibrant les mots République et Islam après avoir échoué à intégrer l’Europe. On ne dira pas « Dieu merci ! », ce serait une faute politico-religieuse, mais c’est l’idée. Le Kremlin n’est pas en reste puisque l’occasion lui est donnée de rejoindre par procuration le camp des agresseurs du Moyen-Orient, par une rencontre avec le pouvoir iranien, augmentant les chances de détournement d’attention et d’argent occidental au détriment de l’Ukraine convoitée.
III. La procuration d’opinion
Les populations occidentales ou éloignées politiquement de ces conflits manifestent leur opposition à l’un ou l’autre camp. Les effets à distance de la violence, tels des ronds dans l’eau, provoquent le réveil d’une nouvelle forme d’antisémitisme, comme si l’histoire du siècle dernier avait été gommée. La cause palestinienne est une vraie cause, mais l’antisémitisme est un cancer. Les terroristes du Hamas ont pris en otage la population de Gaza, profitant de la puissance militaire d’Israël pour tenter d’inverser une histoire que l’on connait trop bien. Poutine fait la même chose. Les Palestiniens meurent sous des bombes mises à feu par leur propre «administration », avec un Israël blessé au plus profond qui ne pourra arrêter l’action militaire qu’une fois le Hamas supprimé de la carte. Nous ignorons tous si cela est possible, car le Hamas est un concept de mort identique à celui de Daesh, Boko Haram, Al Qaida, ou le Hezbollah. En attendant, les étudiants wokistes portent sans nuances les foulards palestiniens, mais ne rejoignent pas les organisations humanitaires, et l’antisémitisme de salon se développe dans cet immense territoire qu’est celui des procurations.
IV. La fin des procurations
Il est possible que l’argent du Qatar ou le capitalisme saoudien aident aux solutions au Moyen-Orient. Il est possible que l’intelligence politique et diplomatique des acteurs puissants porte quelques fruits aussi en Ukraine, mais il faut comprendre que la fin de nos confortables procurations serait aussi probablement la fin des guerres de « petits terrains », et le début de l’affrontement direct des géants.
Quelque chose nous dit que la paix ne serait pas encore invitée.
Note de l’auteur
Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.
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