Franck Abed, auteur de Napoléon, un héros éternel (Orvilloise), revient pour Le Contemporain sur la folle épopée du petit corse devenu maître de l’Europe ainsi que sur son héritage et la place qu’il occupe dans notre société moderne.
Propos recueillis par Elias LEMRANI
Franck Abed - Philosophe, historien, théoricien politique, conférencier, il a commis à ce jour deux mémoires universitaires et douze livres. Auteur de Napoléon, un héros éternel, aux éditions Orvilloise.
Le Contemporain - Pourquoi avoir décidé de consacrer un nouvel ouvrage à l’Empereur ?
Franck Abed : Je reste persuadé que l’écrit reste le meilleur moyen pour diffuser des idées en raison de l’adage populaire qui enseigne que « les paroles s’envolent, les écrits restent ».
De plus, notre Histoire subit constamment des attaques de personnes qui mélangent mauvaise foi, mensonges et anachronismes. L’Histoire mémorielle reste un terrain d’affrontement qu’il convient de ne jamais laisser à ses adversaires. Napoléon, le héros éternel, se veut une arme de combat contre la médiocrité, la haine de soi et le renoncement.
Toutefois, ce livre est avant tout une vibrante déclaration d’amour à la France et à Napoléon. Si les amoureux de la France, de son histoire et de son patrimoine ne la défendent pas, qui le fera ? Napoléon, à mes yeux, reste un modèle, une source d’inspiration et l’incarnation même de la gloire.
Le Contemporain - Vous avez décidé d’intituler votre ouvrage Napoléon, le héros éternel. Qu’entendez-vous par là ?
Napoléon fascine les hommes et les femmes de tous les continents, de toutes les races et de toutes les religions. Les historiens recensent près de mille films ayant pour cadre ou thème le Premier Empire. Il s’agit d’un véritable record. Il y a plus de films consacrés à Napoléon qu’à Jésus-Christ. Trois cents acteurs ont joué Napoléon. C’est dire la fascination qu’il exerce encore sur les esprits.
De même, d’éminents spécialistes expliquent qu’il existe plus de livres écrits sur Napoléon que le nombre de jours écoulés entre sa mort et aujourd’hui. Ce qui nous donne plus de 73.000 ouvrages. Napoléon en définitive peut et doit être un facteur d’unité voire même de réconciliation.
Je suis intimement persuadé que, tant que ce monde sera, nous parlerons toujours de Napoléon avec envie et émerveillement. Son génie éblouit et éblouira encore longtemps le commun des mortels parce que Napoléon est un héros éternel. A chaque génération des passionnés et des amateurs d’histoire l’aimeront. Ils analyseront son parcours, ses mérites, ses réussites et ses erreurs. Napoléon ne mourra jamais car il vit et vivra éternellement dans le cœur de tous ceux qui aiment la France. Ceux qui savent reconnaître le génie ne l’oublieront pas de sitôt…
Le Contemporain - D’où provient votre passion pour l’épopée napoléonienne et pour l’Histoire de France en général ?
Je lis depuis plus de trente ans. Dès que j’ai su mener cette activité essentielle pour être bien formé spirituellement et intellectuellement, mon père m’a mis entre les mains des livres d’Histoire. Après quelques lectures, je suis donc tombé littéralement amoureux de l’Histoire de France.
Enfant, mes personnages historiques préférés - pour les chefs d’Etats - étaient Auguste, Louis XIV, Napoléon. Mon Panthéon personnel s’est bien étoffé mais ces trois-là restent au firmament. L’Histoire de France est objectivement belle, passionnante, intéressante, instructive et la dramaturgie accompagne bien souvent les grands événements historiques vécus par nos Ancêtres.
Comment ne pas être touché au cœur et surtout intéressé par les règnes de Charlemagne, de Philippe Auguste, de Saint Louis et de Louis XIV ? Comment ne pas vibrer devant l’émouvant et tragique parcours météorique de Jeanne d’Arc, la Pucelle de la Patrie ? Est-il possible de rester impassible devant la beauté de nos monuments, de nos paysages, de notre gastronomie, de notre musique, pour être clair de notre art de vivre ? Non !
L’Histoire de France doit être mieux enseignée et constamment promue. Nous devons respecter nos grandes gloires nationales et les défendre quand elles subissent des attaques bien souvent injustes et dénuées de fondements historiques.
Le Contemporain - Napoléon disait que « dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent. » A laquelle de ces deux familles appartient-il, lui qui avait 19 ans le 14 juillet 1789 ? Était-il pro-révolutionnaire ?
Il faut toujours replacer les choses dans leur contexte. Napoléon n’a pas « fait » la Révolution contrairement à beaucoup de ses camarades militaires dont certains deviendront Maréchaux d’Empire. En 1788 et 1789 alors qu’il n’avait que 20 ans, il se trouvait en garnison à l’École royale d’artillerie à Auxonne. Celle-ci était dirigée par le maréchal de camp Jean-Pierre du Teil. Ce dernier lui avait par ailleurs confié la répression d’une émeute de la faim qui éclata dans la ville le 19 juillet 1789. A cette occasion, Napoléon ne rejoignit pas les séditieux, ce qu’il ne fit jamais par la suite, mais leur imposa son autorité.
De même, en 1793 il s’impliquait activement en Corse. Par conséquent, il n’assista pas au procès du roi, ni à son assassinat. Napoléon ne fut donc pas régicide. Au plus fort de la Révolution, il n’était donc que lieutenant puis capitaine. Sa carrière militaire se montrait pour l’heure somme toute modeste. Mis à part quelques déclarations dans un cercle restreint et l’écriture de textes qui ne rencontrèrent aucun écho national dans la vie intellectuelle et politique d’alors, il ne se prononça pas pour la Révolution de manière inconditionnelle.
En revanche, c’est une certitude que la Révolution et les guerres entreprises par les révolutionnaires permirent à Napoléon de sortir de l’anonymat plus vite que prévu. Sans les guerres révolutionnaires, certains historiens estiment qu’il serait resté un officier de deuxième ou troisième zone. Je pense le contraire, mais nul ne pourra trancher cette question. Selon mon étude intellectuelle et historique, sans la Révolution, Napoléon aurait quand même gravi les marches du succès car le génie coulait dans ses veines.
Napoléon appartient à la deuxième famille que vous évoquiez : la Révolution lui a pleinement profité car Elle a renversé les cartes d’un système social quelque peu étriqué. Les événements révolutionnaires ont permis de dégripper la machinerie royale mais ils finirent par tout casser. Ainsi, les cadres sociaux, religieux, humains, juridiques et même militaires ayant été mis à bas, les plus audacieux, les plus intelligents, les plus courageux, les plus retors ont pu tirer leurs épingles du jeu dans une époque qui était, et j’insiste là-dessus, véritablement troublée.
Napoléon ne fut pas un pro-révolutionnaire. Une fois à la tête de l’Etat, il s’est même empressé de clore le chapitre de la Révolution : « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée : elle est finie ». Il a également rompu immédiatement avec la politique de la table rase imposée par les révolutionnaires : « De Clovis jusqu’au Comité de salut public, je me sens solidaire de tout. » Et enfin, Napoléon était décidé à travailler avec toutes les personnes de bonne volonté : « Ni bonnet rouge ni talon rouge : je suis national ».
Le Contemporain - Il a réussi à pacifier une France déchirée par la Révolution, pouvez-vous nous en dire plus sur l’ascension militaire rapide de Bonaparte ainsi que sur les faces sombres de la Révolution telles que le génocide vendéen qui fait couler beaucoup d’encre en ce moment ?
Napoléon reçut le commandement de l’armée d’Italie après avoir sauvé la Convention et Barras d’une insurrection populaire. En effet, il avait ordonné aux soldats de tirer à la mitraille sur les émeutiers. Son énergique action permit de disloquer cette énième tentative de déstabilisation du gouvernement. Il fut surnommé par la suite le « Général Vendémiaire ». Après les événements de Toulon, certains l’appelèrent le « Capitaine Canon ».
Cela étant dit, la Première Campagne d’Italie (1796-1797) reste un chef d’œuvre stratégique et tactique qui devrait été étudié par tous les militaires français. Le génie de Napoléon s’y est pleinement exprimé en appliquant des principes simples mais efficaces : surprise, rapidité, concentration des forces. Cependant, en étudiant les campagnes napoléoniennes, il ne faut jamais oublier cette analyse de Clausewitz : « Dans la guerre, tout est simple, mais le plus simple est difficile ».
Son art militaire lui permit de s’imposer dans toute l’Europe et jusqu’en Egypte, terre des Pharaons et terre biblique. Après quinze longues années, nos adversaires ne purent le défaire que grâce à la disproportion des forces militaires et aux trahisons et au prix d’une immense dette anglaise. Il ne faut jamais oublier qui finança – et comment – les guerres de la Coalition contre la France durant toutes ces années.
Quand Napoléon conquit le pouvoir en 1799, la Révolution avait déjà dix ans. Il a agi intelligemment en ne regardant pas le passé des uns et des autres ou les actes commis - ou non - durant la Révolution. En effet, son grand mérite à cet instant précis reste d’avoir voulu et su travailler avec toutes les meilleures volontés. Le pays était divisé, miné par la guerre aux frontières, les révoltes intérieures et les séditions politiques. L’argent de l’impôt ne rentrait plus dans les caisses de l’Etat et la sûreté publique n’était plus qu’un lointain souvenir. Napoléon réussit à mettre fin à la gabegie gouvernementale tout en signant la paix à l’extérieur. Il parvint même à un accord diplomatique avec la Papauté.
Quant au génocide vendéen, il faudrait un entretien sur ce seul sujet pour que je puisse développer ma réponse : je n’adhère pas à la thèse du « génocide ».
Le Contemporain - Napoléon disait qu’ « une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole. » De quelle nature était la relation de Napoléon avec la religion, que ce soit sur les plans politique ou personnel ?
Il y a dans votre question deux aspects qui touchent à Napoléon. Ils renvoient à l’homme d’Etat et à l’homme privé…
Napoléon n’a jamais été déiste ou incroyant. Il a grandi dans une société catholique. Au sein de sa famille, il a reçu une éducation catholique. Par ailleurs, plusieurs membres de celles-ci entrèrent dans les ordres. Je cite à raison, parmi d’autres, Joseph Fesch, oncle de Napoléon, qui fut archevêque de Lyon de 1802 à 1839.
De nombreuses citations retranscrites par ses différents compagnons de route montrent et démontrent que Napoléon reconnaissait l’existence d’une puissance supérieure. J’en produis un certain nombre dans mon ouvrage. D’une manière générale, il ressentait rarement une proximité intellectuelle avec les athées. En revanche, il était plus réservé sur les dogmes et autres vérités révélées.
Pourtant, je ne dirai pas qu’il vécut toute sa vie comme un pieux catholique. Cependant, au soir de celle-ci avant de rejoindre son Créateur, dans son testament, dernier écrit officiel et je dirai même politique, Napoléon coucha ces lignes sur le papier : « Je meurs dans la religion apostolique et romaine, dans le sein de laquelle je suis né il y a plus de cinquante ans ».
Le chef d’Etat, dès 1799, avait parfaitement conscience que la France est un vieux pays et un vieux pays chrétien. Le christianisme a organisé voire même régenté la vie des Français pendant des siècles. Napoléon n’a jamais apprécié les propos incendiaires des athées contre « l’antique religion catholique ».
Une fois arrivé au sommet de la hiérarchie politique, Napoléon a signé la paix à l’intérieur des frontières mais aussi à l’extérieur. L’Ouest catholique fut très content que Napoléon mette officiellement fin à la guerre qui ravageait ces belles provinces depuis trop longtemps. Si les prêtres ne furent plus considérés comme du gibier de potence, ils le durent à Napoléon. Par sa volonté, il permit à l’Eglise de retrouver le rang qu’Elle occupait avant les funestes événements de 1789.
Napoléon voulait une société civile apaisée et en fin connaisseur de l’Histoire, il savait que les Guerres de religion avaient beaucoup coûté à la France. Dans le même esprit, Napoléon scella la paix avec l’Eglise catholique romaine. Le Concordat fut promulgué par Napoléon et le texte fut signé par lui, alors Premier Consul et le Pape Pie VII. Ce texte marqua la fin des guerres civiles et religieuses qui avaient empoisonné la vie des Français durant plus de dix ans. Napoléon, en Italie, avant même la paix officielle avec Rome, célébrait déjà ses victoires par des Te Deum joués dans les Églises.
Napoléon disait très justement « qu’une société ne peut exister sans morale, et la bonne morale ne se trouve que dans la religion. Par conséquent, une société ne peut exister sans religion ». Il voyait la religion catholique comme un élément supplémentaire pour tenir la société civile et politique. Pour Napoléon, la religion incarnait une importante fonction sociale et surtout, il n’oubliait pas, comme je l’ai dit plus haut, en tant que chef d’Etat le poids du passé et des traditions. D’où le Sacre, le mariage autrichien et le baptême de Roi de Rome…
Le Contemporain - En matière de politique étrangère, quelles furent les différentes stratégies diplomatiques de Bonaparte ?
Napoléon ne fut pas un doctrinaire politique ou un dogmatique. Il a souvent parlé de son « système » sans jamais vraiment le définir. De même, il a parfois changé d’orientations diplomatiques au gré des événements militaires et politiques. Toutefois, nous pouvons malgré tout, à l’aune de son règne, dégager plusieurs grands principes :
- Il désira pour la France une politique de gloire, de puissance, tout en désirant la paix. Je rappelle qu’il fut plus attaqué qu’attaquant. J’ajoute que ce sont les ennemis de la France qui ont inlassablement poursuivi la guerre avec la mise en place de sept Coalitions pendant vingt-trois longues années.
- Il entendit maintenir et garder coûte que coûte les conquêtes militaires de la Révolution. C’est le fameux serment du Sacre. Napoléon avait même déclaré au cours des heures sombres : « L’ennemi pourrait avoir ses canons sur les hauteurs de Montmartre, que je refuserai de rendre Anvers ».
- Il travailla à l’émergence d’une puissance européenne sous domination française. Les réformes françaises appliquées dans les pays conquis, amis ou alliés ont nécessairement participé à l’idée d’une conscience européenne commune. Il ne voulut pas bâtir, malgré tout, un état européiste.
- Il voulut une France forte face à ses ennemis. Je cite sa lettre à son beau-frère Murat : « Mon principe est la France avant tout (…) Prenez-donc comme devise la France avant tout ».
Si l’Empire avait perduré, nul doute que Napoléon aurait entrepris un vaste chantier de modernisation de nos colonies et de grands projets diplomatiques transcontinentaux auraient nécessairement vu le jour…
Le Contemporain - Les guerres napoléoniennes, qui opposèrent l’Empire français aux coalisés menés par Londres, seraient-elles la poursuite et l’aboutissement de la guerre de cent ans entre les Valois et la couronne anglaise, voire de la guerre de Sept Ans sous Louis XV scellant de facto la supériorité anglo-saxonne jusqu’à nos jours ?
Les Anglais défendent depuis longtemps cette même constante diplomatique : travailler contre l’unification politique du continent européen qui mettrait à mal leur projet de domination mondiale. Ainsi, ils sont donc amenés depuis des siècles à se positionner contre la puissance dominante terrestre afin de contrecarrer ses plans.
Il se trouve que la France était, de fait, la principale puissance pouvant lutter contre leurs prétentions hégémoniques. Sous Napoléon, ils ont combattu directement la France ou soutenu les pays européens qui la combattaient. Si à cette période, un autre pays ou une autre puissance s’était révélée dominante, nul doute que les Anglais auraient cherché l’amitié de la France pour l’abattre… J’expose ici la realpolitik du cabinet anglais.
Cela étant précisé, il est clair que Napoléon représente, à ce jour, notre dernier espoir pour contrecarrer l’hégémonie politique anglo-saxonne, libérale et protestante. Après Waterloo, les Anglais en particulier et les Britanniques en général aiment à dire que la France est « out of map », comprendre sortie de l’Histoire.
Nonobstant le règne de Napoléon III, je constate à regret que depuis Napoléon, la France n’a plus les moyens d’imposer ses vues politiques à l’Europe et au monde. Aujourd’hui nous sommes malheureusement à la remorque des USA et de l’Otan. Louis XIV et Napoléon n’auraient jamais accepté que la France devienne une médiocre puissance de seconde zone…
Le Contemporain - Si vous deviez choisir un moment marquant de la vie de l’Empereur, quel serait-il ?
C’est une question très difficile pour le napoléonien que je suis. Mais avant d’être napoléonien, je suis avant tout philosophe, historien et théoricien politique. De fait, la vie de Napoléon comporte énormément d’enseignements dans les trois domaines précédemment cités. Chaque période de sa vie témoigne de la complexité des rapports humains, politiques, et diplomatiques, tout en étant des enseignements pour notre quotidien.
La vie de Napoléon regorge d’actions passionnantes, édifiantes, héroïques. A ce titre, en parlant de l’héroïsme, comment ne pas penser au magnifique 2 décembre 1805 où Napoléon triompha à la bataille des Trois Empereurs grâce son génie stratégique et tactique ? Cette brillante victoire célébrait dignement l’anniversaire du couronnement en présence de Pie VII, autre moment exceptionnel de la carrière du grand homme…
Comment ne pas évoquer le Vol de l’Aigle, lorsque Napoléon, souverain déchu, proscrit et exilé, reconquiert son trône en débarquant en France avec à peine un millier de soldats de sa Vieille Garde ? Il s’agit du plus grand référendum de toute l’Histoire de France. Difficile également de ne pas retenir ses exploits en Egypte et cette fameuse phrase qui sera toujours répétée : « Allez, et pensez que du haut de ces monuments quarante siècles nous observent ».
Le mariage avec Marie-Louise d’Autriche lui permit d’entrer dans l’une des familles les plus prestigieuses d’Europe. Et que dire de la glorieuse campagne de 1807 qui se conclut par les Traités de Tilsit ? Sur le radeau, en présence du Tsar de Russie, tous les espoirs pouvaient devenir réalité. Quel chemin accompli pour cet enfant déposé en France par son père alors qu’il ne savait pas encore parler le français…
La vie de Napoléon est exceptionnelle et j’espère que mon livre permet de lui rendre un hommage vibrant et authentique.
Le Contemporain - En 2005, le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz avait été boycotté par Jacques Chirac. Comment expliquez-vous ce lien singulier d’auto-dénigrement que nombre de Français entretiennent avec leur Histoire et notamment avec l’histoire napoléonienne ?
Attention, les Français aiment leur Histoire. Le contraire serait étonnant. Les émissions historiques télévisées rencontrent toujours un véritable succès. Il en va de même pour les journées du Patrimoine au cours desquelles nos contemporains participent en masse pour admirer nos trésors qui, selon moi, ne sont pas assez mis en avant.
Nous savons tous qu’il existe une caste politique et médiatique, forcément partisane et anti-française qui passe son temps à dénigrer notre passé et à mépriser nos glorieux aînés. Certains ressentent une gêne à être Français et n’osent pas ou plus affirmer qu’ils le sont. Ils pratiquent de manière consciente ou inconsciente la haine et la détestation de soi. Il ne faut jamais rentrer dans cette logique. Notre Histoire comprend différentes périodes, certaines glorieuses, d’autres non. A nous de l’aimer, de l’enseigner et de la faire connaître. Je suis certain d’une chose : plus on lit sur l’Histoire de France, plus on aime notre pays.
Chirac avait préféré envoyer des hommes et des bateaux participer aux célébrations de Trafalgar, plutôt que de commémorer dignement la bataille d’Austerlitz. Cette classe politique ne se montre nullement digne des Grands Hommes et des Grandes Femmes qui nous ont précédés. En définitive, je vous présente ma théorie : les Républicains et les Démocrates sont honteux de l’héritage royaliste et monarchiste de notre pays. Pourquoi ? Car la réussite de nos Rois et de nos deux Empereurs rappelle leur nullité abyssale…
Le Contemporain - Qu’aurait pensé à votre avis Napoléon de notre monde contemporain et de la place qu’y occupe actuellement la France ?
Il est impossible de répondre à cette question… Napoléon est un homme du XVIIIème siècle qui a été formé dans les écoles militaires du Royaume : voici le gap énorme qu’il existe entre un adolescent vivant sous le règne de Louis XVI et un autre évoluant au XXIème siècle.
Cela étant dit, Napoléon aimait sincèrement la France. Il la voulait grande, belle, forte, puissante, en avance dans le siècle. Partant de ce constat, et sans entrer dans des considérations personnelles qui nous éloigneraient de la pensée napoléonienne, l’Empereur des Français serait véritablement outré de savoir que notre armée ne dispose pas de moyens suffisants pour accomplir ses missions. Je rappelle qu’elle n’a pas assez de munitions pour combattre dans un conflit de haute intensité qui durerait plus de cinq jours. Il serait tout aussi effaré de découvrir que nos soldats sont capables de tenir un front de seulement 80 kilomètres de long.
Et que dirait-il de notre puissance politique et diplomatique réduite à peau de chagrin ? Napoléon et tous nos glorieux Ancêtres pleureraient de dépit, de dégoût et de rage en voyant la catastrophique situation française. Mais un Napoléon ou un Louis XIV n’admettraient pas le déclin français. Ils ne seraient pas là à pérorer pendant des heures et des jours, mais ils se retrousseraient les manches pour que la France retrouve à nouveau son rang.
Ainsi, à leur image, ne nous résignons pas ! Il convient de ne pas adopter le discours des déclinologues qui nous expliquent que « la France, c’est fini ». Travaillons au sursaut français qui étonnera, encore une fois, le monde. Je suis intimement convaincu que notre pays connaîtra un redressement spectaculaire…
Excellent entretien de Franck Abed qui confirme à chaque publication qu’il est vraiment un intellectuel de premier ordre.
RépondreSupprimerC’est pour moi notre Joseph de Maistre contemporain.
Ses travaux méritent vraiment d’être connus et diffusés. Merci MappaMundi
Excellent entretien de Franck Abed. Merci MappaMundi de mettre en avant un intellectuel qui mérite d'être connu et reconnu.
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