■ Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei (Wikimedia Commons).
Hamid Assadollahi, réfugié politique iranien en France, revient pour « Le Contemporain » sur les manifestations pro-démocratiques qui ébranlent le régime des mollahs depuis le 16 septembre 2022 ainsi que sur les sanguinaires répressions qui en résultent.
Par Hamid Assadollahi - Réfugié politique iranien en France et membre du Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI), dénonçant depuis quatre décennies les exactions commises par le régime des mollahs et défendant l’instauration d’une République démocratique et laïque.
Nous parlons d’un pays qui est le centre de la torture, des exécutions et du meurtre d’enfants et de femmes innocents. Le nombre d’exécutions en 2022 s’élève au moins à 500 pendaisons, une hausse d’environ 50% par rapport à 2021. L’objectif est de créer la terreur afin que personne ne pense à la révolte et au renversement. Cependant, depuis près de six mois, le soulèvement se poursuit sans relâche avec des slogans tels que « Mort à Khamenei » et « Mort à l’oppresseur, qu’il soit le Shah ou le Guide [suprême] ».
Plus de 750 manifestants ont été tués. Les noms de plus de 600 personnes ont été publiés par le réseau national de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) à travers le pays. Au moins 70 des victimes étaient âgées de 2 à 18 ans, et 30.000 personnes ont été arrêtées. Le site officiel de Bahar News, citant les bulletins d’information confidentiels du Corps des gardiens de la révolution islamique, a écrit le 27 décembre que le nombre de manifestants arrêtés au cours des deux premiers mois de ces protestations est supérieur à 29.000.
Ce soulèvement s’est étendu à 282 villes et couvre toutes les provinces et les grandes villes d’Iran. Récemment, des slogans tels que "Mort à Khamenei" et "Mort au dictateur" ont pu être entendus dans les rues centrales de Téhéran, à moins de mille mètres du siège de Khamenei.
I. Les motivations de ce soulèvement
Ce soulèvement a deux forces motrices. Le premier moteur est la situation explosive en Iran. La grande majorité des gens sont mécontents de ce qui se passe. On dit que jusqu’à 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. L’inflation est endémique, le prix des produits de base ayant augmenté de plus de 100%. Le chômage est terrible. La corruption systématique du gouvernement a rongé le tissu du pays comme une gangrène. La discrimination à l’égard des femmes, des minorités religieuses et ethniques s’aggrave chaque jour.
Le deuxième moteur est la résistance organisée. Les unités de résistance du réseau de l’OMPI (la principale composante du Conseil national de la résistance iranienne) ont joué un rôle très important dans les rues et ont assuré la poursuite de la révolution. Le régime affirme clairement que le problème réside dans le rôle que joue l’OMPI.
II. Contenir le soulèvement
Le régime doit supprimer ce soulèvement. Il doit éteindre ces deux moteurs. Le premier moteur, qui est le mécontentement généralisé, ne peut être éteint par le régime. La chute libre et rapide de la valeur du Rial (la devise nationale iranienne), qui est principalement structurelle, se poursuit. Il doit mettre fin à la corruption rampante ; un minimum de démocratie est nécessaire à la croissance économique. Il doit mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes. Il doit reconnaître les droits des minorités. Mais 43 ans d’histoire ont montré qu’il ne peut faire aucune de ces choses. Tout type de réforme et tout type de changement de comportement conduira au renversement du système. Toute forme de lutte réelle contre la corruption, toute forme de normalisation avec l’Occident détruira le régime.
III. La politique de diabolisation et de désinformation
Afin de contenir ce soulèvement, il devrait concentrer tous ses efforts sur l’arrêt du deuxième moteur. Cela signifie arrêter le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) et sa principale force, les Moudjahidines du peuple. Car, s’il n’y a pas d’alternative viable devant ce régime, son renversement est hors de question.
À l’intérieur du pays, les partisans de l’OMPI ou ceux qui ont eu des antécédents avec ce mouvement, ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines ou sont sous contrôle. En plus du problème de la rue, le principal problème du régime est politique. Par conséquent, la diabolisation et la désinformation à l’encontre de l’OMPI et du Conseil National de la Résistance a atteint des dimensions astronomiques.
Par ce moyen, le régime veut faire accepter au peuple iranien d’une part et aux pays occidentaux d’autre part qu’il n’y a pas d’alternative en Iran. Et s’il existe une alternative, c’est de retourner dans le passé et à l’époque du Shah. Quelque chose qui n’a aucune perspective de mise en œuvre et dont personne ne veut.
Le régime iranien a en face de lui une population qui est inflexible. C’est parce qu’elle résiste depuis près de six mois, malgré une répression inédite. Le peuple fait aussi face à une dictature qui tue et détruit jusqu’au dernier moment et dont les dirigeants sont conscients qu’ils ne pourront se réfugier et vivre tranquillement nulle part à l’étranger, vu l’ampleur de leurs crimes durant les 44 dernières années. La bataille pour la liberté continue donc.
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